vendredi, décembre 29, 2006

Kandinsky / Abstraction









Wassily Kandinsky, (1866-1944).


…est le premier artiste au monde à peindre une oeuvre "qui ne représente rien".



Il est né en Russie dans la deuxième moitié du XIXe siècle et il est mort presque à la fin de la seconde guerre mondiale en France.
Il a eu des ennuis avec les guerres et les révolutions ; il a été obligé de changer de pays plusieurs fois.
Mais, c'est lorsque qu'il vivait en Allemagne qu'il a peint ses premières oeuvres abstraites. À Munich.



"Abstraite" veut dire "qu’il ne peint pas des choses qui existent", "on ne reconnaît rien dans sa peinture", on ne peut donner un nom à rien.
Le terme "abstrait" n'est pas très facile à comprendre ; on peut dire aussi "non-figuratif", mais, on comprend peut-être mieux si on dit "qui ne représente rien".
Quand on est grand on dit; "peinture abstraite ", alors autant le dire maintenant.
Pourtant, longtemps Kandinsky a peint des choses vraies de la nature, puis il a décidé de ne peindre ni fleurs ni chevaux ni maisons ni même les gens.



Voici une anecdote amusante racontée par Kandinsky:



« J’ouvre la porte (de mon atelier), et je me trouve en face d'un tableau d'une grande beauté. Qui a pu peindre cela ? J'étais troublé par cette peinture.
Je ne réussissais pas à reconnaître quoique ce soit ; il n'y avait que des tâches lumineuses de couleurs mélangées, ça me plaisait beaucoup.
Qui a pu bien déposer cette peinture dans mon atelier ?
C'est quand je me suis approché tout près que j'ai reconnu ma peinture d'hier qui avait été posée sur le côté par la femme de ménage (faire le mouvement avec une feuille blanche) ».

Depuis ce jour, Kandinsky n'a plus eu envie que l'on reconnaisse quelque chose dans sa peinture. Mais on peut toujours reconnaître quelque chose si on y tient... Dans les nuages on peut toujours voir des têtes alors qu'il n'y en a pas.
Mais on peut aussi tout simplement regarder les nuages parce qu'ils sont beaux; ils ont des belles formes, ils ont des belles couleurs.

Kandinsky parle de ses peintures :

« Ce tableau mystérieux sur lequel je ne vois que des formes et des couleurs est incompréhensible, mais je suis sûr qu'il est bien comme ça, je ne dois pas peindre des objets, je pense même que ça nuirait à ma peinture si l'on en reconnaissait. »

Kandinsky est le premier peintre qui s'est demandé pourquoi depuis toujours, depuis la Préhistoire, on peignait ce que l'on voit dans la nature ; les paysages, des objets, les gens.
Il a essayé de nous faire comprendre qu'on peut peindre des taches rouges sans que cela soit des tomates, peindre du vert sans que cela soit de l'herbe !

Kandinsky pense que les couleurs pures et les formes ont un effet sur notre humeur, notre joie, notre chagrin.
Il dit aussi que les couleurs c'est comme de la musique ; "un rouge vif peut nous impressionner comme une sonnerie de clairon".
"Le bleu pur nous calme. Quand il devient un peu noir, il devient un peu triste. Lorsqu'il devient plus clair, quand on y ajoute du blanc, le bleu semble très loin et il ne nous impressionne plus du tout. »

À treize ans, Kandinsky achète avec ses économies sa première boîte de couleurs et il a l'impression qu'il possède des êtres bien rangés dans sa boîte qui sont capables de faire bien des choses différentes et surprenantes.
Il a presque cinquante ans en 1910 quand il a le courage d'exposer ses premiers essais de musique colorée et ce sont les premiers exemples "d'art abstrait" au monde.
Cela fait presque 100 ans qu'il a peint cette première toile abstraite ! Quand on regarde des photos des peintures de cette époque-là, on croirait qu'elles ont été peintes par quelqu'un de jeune et de dynamique qui vivrait aujourd'hui.
Plus tard, en Allemagne, Kandinsky a peint de manière plus géométrique, puis les dernières années de sa vie, en France, il a peint des formes molles, comme celles qu'on pouvait découvrir à l'époque dans un puissant microscope.
Ce ne sont pas ses deux périodes de peinture les plus folles de couleurs; il faisait de la géométrie en couleurs.
Alors que quand il était à Munich, il était beaucoup plus décontracté !
Il n'utilisait pas du tout la règle, l’équerre et le compas, il peignait au pinceau sans se préoccuper de savoir si ce qu'il faisait était droit ou non, il mélangeait beaucoup les couleurs, il les brouillait, il les superposait, mais elles restaient très belles. On ne peut pas compter toutes les nuances de couleurs utilisées par Kandinsky sur une toile de cette époque-là tellement il y en a. On ne peut pas décalquer une peinture de Kandinsky parce qu'on ne voit pas les contours des couleurs, et c'est tant mieux !



« L'oeil est le marteau qui frappe la peinture que l'on a déposée sur le papier, l'intérieur de la tête c'est l'instrument de musique à cordes qui vibre. C'est dans la tête que les formes et les couleurs nous chatouillent, nous enchantent. »
Pour Kandinsky : « peindre une oeuvre c'est comme créer un monde. »
N.B : Les citations de Kandinsky sont toujours remaniées !



Kandinsky le magicien des formes et des couleurs.


Prendre une feuille de format A3, (le format A4 et sans doute trop petit.)
« Au crayon, tracez un cercle d'environ 10 ou 15 centimètres de diamètre à peu près au centre de la feuille.» Cette opération doit être rapide, elle ne se nécessite pas de précision, un gabarit genre couvercle peut faire l'affaire.
« Je vais vous dicter un certain nombre de formes à dessiner à l'extérieur du cercle... »
Il y a suffisamment de marge à l'extérieur de ce cercle tracé au crayon.

« Une étoile molle à cinq branches. Une coquille d'escargot. Une fenêtre à neuf carreaux. Un triangle qui va éclater, (il est bombé). Un arc épais avec sa corde fine. Une pince de homard. Un fromage entamé. Le bois d'un lance-pierre, autrement dit, un Y majuscule. Une pomme de terre. Un pont à deux arches. Une queue d'écureuil. Un morceau de corde. Un petit drapeau triangulaire à trois couleurs. Une faux sans le manche. Une assiette à dessert vue du dessus. Une poignée de placard. »

Peu importe la place où les enfants disposent les formes et peu importe la grosseur des formes des objets dictés.
Cela doit être amusant pour l'enfant de se faire la représentation mentale de l'objet décrit.



Si cette dictée ne vous convainc pas, vous pouvez dessiner vous-mêmes les formes et distribuer une photocopie par enfant.
La photocopie a quelques inconvénients et quelques avantages.
Avantages : le travail est purement visuel, il ne met pas en action la compréhension abstraite des formes. Par exemple : un triangle isocèle, une étoile de mer molle... Mais, avec une photocopie, vous gagnerez du temps pour la composition, pour l'organisation.
Inconvénients : les enfants auront tous les mêmes formes de départ, mais, tout changera lorsque le travail sera fini, puisqu'ils seront amenés, à changer les tailles et à encastrer les formes de manière très différentes.
Commencez à nommer les différents objets, à une certaine vitesse, tant pis si cela gêne ceux qui réfléchissent beaucoup et qui travaillent lentement.

La liste peut-être plus courte, plus longue ? Vous pouvez inventer d'autres formes simples:
«Une lame de sabre, un trèfle à quatre feuilles, une queue-de-poisson, deux cerises attachées, une cravate, une roue de vélo, une croix carrée large, un diamant à facettes, un grain de haricot... »
Il est indispensable de remplacer certaines formes par d'autres pour le cycle 1 et 2, en revanche, il serait judicieux d'en donner des compliquées pour le cycle 3, et notamment des "formes non fermées", comme la moitié supérieure d'un croissant de lune.
Lorsque la dictée et terminée, vous pouvez leur faire constater qu'ils ont tous mis les formes l'une à côté de l'autre autour du cercle, sans ordre et qu'aucune forme ne passe par-dessus l’autre, ne se superpose. Ils les ont souvent dessinées petites. Dites que cela est tout à fait normal puisque vous ne le leur aviez rien dit...

« Vous allez devoir ranger tous ce désordre dans le cercle pour ne pas être grondé par le maître magicien.»
Cela peut les intriguer.
Si vous avez une autre idée n'hésitez pas.
Vous allez raconter une histoire. Il faut que le travail que vous allez leur proposer ait du sens, Il faut donner un intérêt au travail.

« Vous regardez le hall d'entrée d’un magicien par un petit trou dans le plancher de votre chambre située juste au-dessus.
Il y a une table ronde en plein milieu du hall. La table c'est votre cercle, le hall c'est votre feuille. Toutes les formes que vous avez dessinées sont des objets qui sont tombés au sol. Ce sont les chatons du magicien qui ont fait les dégâts.
Les chatons sont montés sur la table, ils ont bien joué, ils se sont un peu énervés, ils sont partis quand tout était par terre. Heureusement rien n'est cassé !
Auparavant tout était bien organisé sur la table, c'est le magicien qui avait tout bien rangé pour faire un tour de magie. Maintenant tout est au sol, en désordre.
Ça serait bien de remettre de l'ordre sur cette table avant que le maître magicien ne revienne.
Sur la table, il y avait de très gros objets, il y en avait des petits, il y en avait des moyens, ils se touchaient, certains se superposaient. Il n’y a pas beaucoup de place, il faudra les mettre les uns dans les autres, les uns sur les autres. »

Il faut peut-être imposer la taille de certains objets pour débuter. Par exemple : le grand Y doit toucher la table à trois endroits. L'étoile doit être installée dans le plus gros compartiment formé par le Y. Il est nécessaire d'imposer l'installation des deux premières formes, cela permettra, imposera ! La superposition, le chevauchement, l'entremêlé.

Puis ; « Il y avait de la couleur dans cette chambre, où sont-elles? Elles doivent revenir ! » S'écrie le magicien en entrant.
« C'est à vous les enfants de vous en occuper ! » Dit la maîtresse. « Mais vous n'êtes pas encore des magiciens spécialistes en couleurs. Alors il va falloir faire attention !
Il ne faut pas utiliser trop de couleurs, ça serait trop compliqué… Prenez des couleurs qui se ressemblent un peu…
Par exemple ; le vert, le bleu, violet au feutre, les mêmes couleurs au crayon de couleur. 3 ou 4 crayons feutre et 3 ou 4 crayons de couleur.»
Autres exemples ; le jaune, orange, le rouge. Le rouge, le violet et le bleu.
« C'est difficile de peindre avec beaucoup de couleurs, il faut être un spécialiste... Et vous n'êtes pas encore magicien. »
Faites que les couleurs soient brassées, brouillées et mélangées...
Si vous n'êtes pas sûrs de vous, laissez-les colorier les formes comme ils le souhaitent. Et, intervenez auprès d’eux individuellement, c'est très efficace, mais très fatigant !
Précisez les erreurs que vous avez détectées: « tout le monde colorie les cases les unes après les autres, sans mélanger les couleurs, sans oser superposer le crayon de couleur sur le feutre. »

Dans le cercle, il doit y avoir des zones très claires, presque blanches, à peine teintées et des espaces beaucoup plus foncés, sombres, presque noir.
À la fin, les tables rondes peuvent être découpées ou non. Collez-les peut-être sur un papier carré noir, puis, exposez-les.