mercredi, juillet 21, 2010

Multiplier les Images 1




















HISTOIRE accélérée de toutes les IMAGES.

Depuis ses lointaines origines jusqu’à ce jour.

(De la rareté de l’image à l’avalanche.)


Si vous ne voulez pas lire cet article en entier, voici résumé en quelques lignes l’idée générale qui est d’une grande évidence.

« Au cours de la Préhistoire, il n’y avait pas beaucoup d’images, seulement, les ombres, les reflets dans l’eau, ensuite il y a la peinture, la gravure, la camera obscura, la photographie, la photogravure, le cinéma, la télévision, et internet... Que des procédés qui ont accéléré le cours de l’importance des images dans l’histoire des civilisations. . . Et les nuits, toujours les rêves et les cauchemars.»

Voilà, c’est tout, maintenant vous pouvez retourner à autre chose de plus passionnant.

En l’an 2000, les images sont omniprésentes. Nous fixons un écran plusieurs heures par jour. Cinquante images entrelacées par seconde défilent sous nos yeux nous donnant l’illusion du mouvement.

Lucy voyait-elle des images ?

Il y a deux millions d’années l’homo habilis percevait-il des images ?

Qu’est-ce qu’une image ?

Platon qui est moins éloigné de nous que Lucy donne cette définition ;

« J'appelle images d'abord les ombres, ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables. »

OMBRES.

Il est certain que, l’homo sapiens et les siens, voyaient de drôles de formes les suivre constamment par beau temps : leurs ombres !

Leurs propres ombres dont ils se méfiaient et qu’ils considéraient.

Dans un grand nombre de langues indiennes d’Amérique du Sud, le même mot signifie « l’âme, l’image et l’ombre, » c’est dire que cette sombre découpe d’eux-mêmes projetée sur le sol ou sur un rocher, devait intriguer.

Aujourd’hui, nous ne sommes plus surpris par notre silhouette. Néanmoins, j’ai le souvenir d’avoir voulu piétiner l’ombre d’un copain pour l’embêter; un jeu d’enfant.

« J’allumais la puissante lampe de notre grange et le large rayon de lumière qui surgissait par la porte était notre route sur laquelle se plaquaient nos grandes images cinq à six fois plus grandes que ce que nous étions en réalité ; c’était magique. »

Dans beaucoup de civilisations, il était interdit de marcher sur l’ombre de quelqu’un.

REFLETS.

Femmo sapiens a sans doute été surprise par son reflet dans l’eau lorsque qu’elle buvait dans un plan d’eau plat et calme par temps couvert ; le temps couvert permet presque le même effet sur l’eau que le tain du miroir.

Plus tard Narcisse s’est amouraché de sa propre image, il en est mort, il a fini en fleur…

Ombres et reflets, voici énoncé brièvement les deux uniques types d’images auxquelles étaient confrontées nos ancêtres d’avant la peinture pariétale (-50 000). C’était très important pour eux, c’était magique, facétieux, incompréhensible.

Beaucoup n’adhéreront pas, mais je pense qu’il faut ajouter aux ombres et aux reflets, les rêves, les cauchemars et les hallucinations. (Pour plus de précision voyez la note 01. Les notes ne sont pas à lire maintenant.)

Et si vous adhérez à ma proposition des images des rêves, vous conviendrez que ça fait beaucoup plus d’images rien que pour la préhistoire.

Puis, arriva Lascaux, Niaux, Cosquer, Altamira, Chauvet… Le cinémascope de nos ancêtres. (Pour plus de précision voyez la note 02.)

Plus tard, les scientifiques de l’Antiquité ont écrit sur presque tous les phénomènes des illusions de l’image, des reflets et de la lumière.

Les scientifiques constataient souvent, mais ils n’expliquaient pas ; il y a encore quelques siècles, ils ne savaient pas très bien si c’était notre œil qui envoyait « quelque chose » vers les objets ou si c’était les objets qui nous envoyaient des infos. Mais lorsque l’on ne sait pas ce que sont les ondes électromagnétiques de la lumière, on ne fait pas le physicien malin !

Les scientifiques arabes consignèrent le phénomène de l’image inversée.

Dans la camera obscura par le petit trou appelé sténopé, on peut voir à l’opposé une image inversée de la réalité extérieure à la boîte. (Pour plus voyez la note 03.)

Au lycée, vous avez peut-être fait un trou dans une boîte à chaussures et installé un calque de l’autre côté pour voir une petite image inversée. C’est impossible de conserver l’image avec le calque ! Pourtant les scientifiques et les peintres surtout, utilisèrent cet appareil pendant trois siècles pour dessiner.

Avec ou sans papier photographique, regardez une petite image en couleur à l’envers sur un morceau de calque, c’est magique !

Sans le papier photographique, on est au Xe siècle, avec les scientifiques Arabes.

Avec le papier photographique argentique, c’est la photographie, on est au milieu de XIXe siècle. (Pour + voyez la note 03.)

Dit en passant, notre oeil est une camera obscura sphérique. Ce système optique régit la partie physique de notre vision. La partie physiologique est beaucoup plus compliquée. (Pour + voyez la note 04.)

IMAGE de SAINT.

Au Moyen-âge, pour voir une image autre que celle de son ombre ou que celle de son reflet, je veux parler de l’image peinte, il fallait voyager. L’image peinte est dans un lieu unique. L’image peinte peut être recopiée, mais c’est long et ça peut être raté. À la Renaissance, les frustres peintures se trouvaient dans les petites églises de campagne et les images peintes de qualité supérieure dans les églises italiennes et les palais.

L’image peinte est encore très rare au XVe siècle. Il faut beaucoup marcher pour en voir.

Prenons un malade du XVe qui doit implorer Saint Antoine pour ses plaies purulentes dues à « l’ergot de seigle ». Il devra se déplacer jusqu’à Colmar pour trouver le Saint Antoine guérisseur peint ; c’est ce qu’il a de mieux à faire à cette époque !

Au XVIIIe à la campagne, ce même bonhomme malade aurait acheté sur la place du village une image d’Épinal de Saint Antoine, Saint Roch et de Saint Blaise pour 6 sous les trois.

Saint Roch contre la peste, les maux de genou. Saint Blaise contre la toux, la coqueluche, le goitre et les maux de gorge.

En 1920, un malade de cinéma se déplaçait pour voir un Charlot muet sur l’écran de la petite ville voisine. Jusqu’au XXe siècle, la quantité et la qualité des images vues par un humanoïde est fonction de la distance.

Progressivement, les salles de cinéma se rapprochèrent des hommes, puis la télé est entrée dans la maison et même dans le lit. La minuscule image cathodique a été privilégiée au panorama cinématographique, on a préféré réduire la distance qui nous sépare des images. Et enfin, avec les images de l’Internet, les distances sont balayées, il n’y a plus de distance.

Par conséquent, aujourd’hui, la peinture est une curiosité archéologique qui a tout de même une belle place dans notre société cultivée. Les grandes rétrospectives ont du succès, les pauvres n’y vont pas, les bac + 3 s’y rendent un peu plus. Mais ces rares images/peinture n’ont plus beaucoup d’importance si l’on considère l’ensemble de toutes les images de notre époque.

RESUME.

Depuis les origines jusqu’à environ 50000 ans av J.C, il n’y a d’images visibles pour l’homme que les reflets, les ombres, les rêves, les cauchemars et les hallucinations.

Vers 50000 ans avant J.C, il y a quelques peintures à voir épisodiquement et rituellement.

Puis, à la Renaissance les peintres peignent beaucoup d’images religieuses et mythologiques. En même temps que, doucement, arrivent les sténopés qui présentent une image surprenante.

Au milieu du seizième siècle Battista della Porta a fait un énorme "appareil photo". Ses visiteurs étaient assis à l’intérieur. Un groupe d'acteurs étaient à l'extérieur. Les hôtes pouvaient observer les images sur le mur opposé au trou. Les petites images à l'envers de la scène étaient trop pour les visiteurs, ils ont paniqué et pris la fuite, et Battista a ensuite été portée devant les tribunaux et accusé de sorcellerie!

Malgré cet incident, comment les images vont-elles arriver progressivement en surabondance, devant nos yeux ébaubis ?

LA LIGNE ASYMPTOTIQUE.

Comment est-on arrivé à la profusion d’images que nous connaissons aujourd’hui?

Si on matérialise la ligne de fréquence des images sur un diagramme de l’échelle du temps, on voit qu’elle est calme jusqu’aux environs de 50 000 ans avant J.C. Elle est encore bien calme jusqu'à 3000 ans avant J.C.

Vers 500 avant JC, elle se hâte un peu, mais il y a encore peu d’images.

Ce sera environ au XVe et, bien avant en Chine, que la technique de la gravure va permettre de multiplier certaines images.

Au XIXe les images s’intensifient avec l’édition grâce à la lithographie.

Cette ligne monte progressivement, mais depuis le début du vingtième siècle, elle s’est mise à grimper presque verticalement avec le cinéma, (Pour + voyez la note 09.) la télévision et l’informatique.

La ligne est devenue asymptotique; les images nous submergent.

« - L’histoire des images s’achève ici…

Mais je pense que l'article suivant et les notes de "Multiplier les images 2." sont utiles pour comprendre les différents principes de la gravure qui ont progressivement permis la diffusion des images à partir du XVè siècle. »








Multiplier les Images 2


















(suite éventuelle du chapitre "Multiplication des Images.")

Duplication Imprimerie Tamponnage Multiplication.

Tant que l'on n'a pas su multiplier les images, les images sont restées rares, confidentielles, on n'en trouvait pas facilement dans une petite ville, dans les églises uniquement, quelques peintures religieuses.

Comment multiplier une image pieuse, comment dupliquer un dessin ?

On peut tout simplement le copier assez fidèlement en le regardant bien. Si l'on est bon observateur et assez adroit, la copie peut être assez fidèle.

On peut aussi assez facilement doubler, voire tripler un dessin en le décalquant. On place un papier sur le dessin à copier. Placez l’ensemble sur une vitre ou sous une source lumineuse. On voit à travers ; le dessin est possible. La technique est efficace, c'est en fait la technique qu'utilisent les dessinateurs de dessins animés. Attention à mes anachronismes !

Mais, ce système de calque n'est pas très rapide, il faut l'admettre.

La véritable innovation c'est l'estampe !

L'estampe c'est la gravure. Mais, le mot "gravure" prête à confusion, il est souvent compris comme étant la "sculpture". Graver, c’est faire des sillons sur une surface plane. Mais, en cycle trois, la patate est plutôt sculptée que gravée; on devrait donc plutôt parler de patates à imprimer que de patatogravure. (Voyez la note 06.)

La gravure sur bois, ou xylographie est un procédé d'impression en relief comme pour la pomme de terre; c'est la partie plate et haute de la planche couverte d’encre qui est imprimée.

Les sillons creusés forment la partie basse de la planche. L'imprimerie de Gutenberg utilisera ce même système, chaque lettre est une surface plate qui a été extraite en dégageant les côtés.

Ce sont les Chinois qui ont imprimé les premiers une image à l'aide d'une planche de bois quelques siècles après Jésus-Christ. C'est devenu beaucoup plus courant au XVe siècle en Europe avec Albrecht Dürer.

Ces tampons de bois deviendront fréquents avec les imagiers des villes de France qui vendront les jeux de cartes et les images pieuses aux gens du peuple. À Épinal ce sera la famille Pellerin de père en fils qui possédera l'imprimerie. (Lisez l’article de ce blog consacré à ce type d’images populaires.)

C'est assez long de graver un bois, il faut plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour tailler une grande image comme celle des épopées napoléoniennes.

Il y eut un procédé d’imprimerie plus fastidieux encore qui a eu beaucoup de succès, c'est la gravure sur métal appelé aussi taille-douce, eau-forte. Ce procédé est appelé "procédé en creux".

Cette fois dans le métal, ce sont les creux remplis d’encre qui vont être imprimés sur le papier. Avec la gravure sur bois, c’était le contraire, c’était les surfaces couvertes d’encre qui étaient imprimées sur le papier.

Le dessinateur entame la plaque de métal à l’aide d’une pointe métallique.

Ensuite, il faut encrer la plaque à l'aide d'un rouleau. L'encre grasse se dépose partout sur la plaque et aussi dans les creux du dessin. (Pour plus de précision sur ce qu’est l’encre grasse voyez la note 05.)

Il s'agit maintenant d'enlever l'encre qui s'est déposée sur le plat. C'est assez compliqué à faire, mais on peut y arriver sans pour autant enlever l'encre qui s'était déposée dans les creux. Ensuite, on dépose une feuille légèrement humide sur la plaque, on appuie très fort, on passe l'ensemble sous une presse. Naturellement, l'encre va se faire extraire des creux et se fixer sur le papier. Si l'on veut deux, trois ou quatre gravures, on recommence l'opération. C'est assez long, c'est très précis, on peut obtenir un dessin beaucoup plus précis qu'avec la gravure sur bois ou xylographie.

L'aristocratie et la bourgeoisie priseront longtemps ce système de duplication des images. Avec ce système, les images resteront assez chères et assez rares.

Un autre système de gravure sur métal est plus aisé et plus précis, c'est l'eau-forte. C'est toujours une plaque de cuivre bien lisse, protégée par un vernis. Le dessinateur tracera facilement un dessin dans le vernis qui s'enlève assez facilement au passage de la pointe fine de l'outil. Il n'est donc pas question de gravure, il n'y a pas d'entailles.

Ensuite, la plaque de métal sera plongée dans l'acide chlorhydrique. L'acide rongera le dessin puisque celui-ci n'est plus protégé par le vernis. Ensuite, on enlève le vernis, on encre la plaque et ainsi de suite...

C'est la lithographie qui détrônera assez facilement ces deux types de reproduction d'images ; la xylographie et l'eau-forte.

La technique de la lithographie inventée à la fin du XVIIIe siècle repose sur le principe de la répulsion de l'eau par les corps gras. (Pour + voyez la note 06.)

Avec ce principe, il est possible d'imprimer une image. On va pouvoir imprimer une image autant de fois que l'on veut pour un journal par exemple.

« Vous pouvez finir parcimonieusement avec les renvois de notes ci-dessous.»

NOTES

Précision (01) Cauchemars et rêves. « images d’intérieur. »

Les « images d’extérieur » sont les peintures, les photographies, etc.

Il faut dire quelques mots à propos des images, des rêves et des cauchemars, puis laisser tomber tant c’est compliqué.

Les séquences d’images de la nuit ne se sont sans doute jamais imprimées sur notre rétine, elles n’ont pas existé sous les paupières, elles se sont construites directement dans le cerveau et nous avons la sensation le matin de les avoir vues, voire vécues.

Lorsque nous regardons un luth, il est imprimé schématiquement, en petits points sur la surface tapissée de cônes et de bâtonnets de notre rétine. Le cerveau reçoit une impulsion électromagnétique via le nerf optique. Cette impulsion est transformée en sensation colorée, en taches colorées. Elles sont « reconnues » par le cerveau parce que nous avons appris à reconnaître ce qu’est un luth. Donc, si l’on a vu un luth en rêve, il ne s’est pas imprimé sur notre rétine, c’est notre cerveau qui a créé l’information.

« Voir c’est reconnaître. » Ernst Gombrich.

En pleine nuit, ahuri, lorsque l’on a rêvé ou cauchemardé par séquence, si l’on ne savait pas que c’est une méprise, une tromperie, je pense que, souvent, notre comportement de la journée changerait en fonction de ce rêve.

« Quelques mois après la mort de mon père, il apparut dans un rêve. Il faisait comme s’il n’était pas mort alors que ma mère et moi, présents dans son l’espace, savions pertinemment bien qu’il était mort et enterré et que, de plus, nous étions bien contents qu’il le soit, puisqu’il était bien malade, chiant et alcoolique agressif. Moi, ça m’embêtait bien qu’il soit encore là vivant sans qu’il le sache, et je n’osais pas le lui dire par politesse funèbre. »

Bref, ce n’est pas cette anecdote qui est importante, c’est sa véracité et sa prégnance dans mon cerveau le matin au réveil. J’imagine l’impact que cette histoire aurait eu sur mon comportement si j’avais été néanderthalien, donc né avant Freud. Je pense que j’aurais cru, à un signe, à une indication, à un présage… Je n’aurais sans doute pas su que c’était une duperie de mon intellect ; c’est précisément cela la définition de l’image !

L’image photographique de ma petite-fille n’est pas ma véritable petite-fille, je le sais, mais elle m’aide à penser à elle.

Précision (02) La peinture pariétale.

Il y a quelque 12000 ans, les hommes possédaient aussi quelques salles de cinéma d’images fixes dans les grottes du Sud-Ouest… Oui, sur la calcite blanche des parois intérieures. Les Michel-Ange de l’époque donnaient à voir de bien belles images que, par miracle, nous pouvons encore voir. Je pense que si nous n’avions pas cette preuve nous aurions bien des difficultés à imaginer qu’ils soient arrivés à un tel niveau d’expression et de représentation. Certaines vaches donnent l’impression de courir ! Des poneys peints sur des aspérités rugueuses vibrent à la lumière des lampes à huile !

Précision (03) La camera obscura.

- « Vous n’êtes jamais entré dans une camera obscura ? »

- « Alors vous ne pouvez pas me comprendre… »

Achetez une bâche de polyuréthane noire de 3X3 mètres au minimum.

Mettez vous dessous, vous avez un clou en main, trouez le plastique, ayez le soleil dans le dos c’est mieux. Ne regardez pas le trou…

- « Non, ne regardez pas par le trou ! »

C’est dans l’autre sens qu’il faut regarder !

Mettez votre main à quarante centimètres du trou paume vers le trou et regardez ce qu’il y a dans votre main ; l’arbre, la maison, la personne qui est devant votre bâche en plastique, vous le tenez dans votre main, variez la distance.

Mieux, prenez avec vous sous cette tente noire un carton blanc de 40X40 cm, alors là vous êtes subjugué, les contrastes sont meilleurs.

- « Et c’est en couleur ! » s’exclament souvent les enfants et les étudiants qui n’y croient pas.

Lorsque vous aurez fait cette expérience, vous pourrez continuer à lire.

« Chez moi, en été, dans le salon obscur aux épais rideaux fermés, j’ai pu voir de drôles de choses bouger au sol ; des ombres qui passaient. C’étaient des passants qui se déplaçaient dans la rue, ils étaient plus petits et la tête en bas; un phénomène incompréhensible !

Le trou du rideau était trop gros pour rendre les passants nets. Je voyais uniquement des masses foncées et, à ma grande stupéfaction, un peu de bleu ! Je n’étais pas bien curieux lorsque j’étais adolescent et je suis resté, sans explications, seul avec cette magie mystérieuse, mais délicieuse qui me suffisait. »

Il est permis de penser que dans certaines conditions extrêmement rares, nos ancêtres préhistoriques ont pu être les témoins intrigués de ce phénomène d’image inversée projetée sur de la calcite blanche ! Sans être très précise l’image inversée, même reçue sur la main à travers le trou d’une roche, a pu être vue depuis des dizaines de milliers d’années. Avec un trou d’un centimètre de diamètre, on discerne une image floue, on la voit.

Précision (04) Les objets n’ont pas de couleurs.

Le nerf optique envoie des infos électromagnétiques au cerveau qui sont transformées en sensations colorées et bien plus compliquées encore… Donc de l’électricité qui se transforme en sensation. J’ai lu cela il y a quelques années dans une revue pointue, et, ajoute, le scientifique, on ne sait pas vraiment comment cela se passe.

Sans vouloir toujours tout compliquer, il faut tout de même savoir que les couleurs des objets n’existent pas. Les objets n’ont pas de couleurs. Ils ont seulement la propriété d’absorber certaines ondes électromagnétiques en nanomètres de la lumière du soleil et de renvoyer tous azimuts celles qu’ils n’absorbent pas.

Jetons un coup d’œil sur cette fleur rouge et puisque nous sommes équipés de deux globes oculaires sphériques percés de deux trous appelés sténopé, nous percevons l’excédent d’ondes que cette fleur n’absorbe pas ; c’est le rouge qu’elle renvoie, elle absorbe le vert, c’est comme cela ; faites un tour sur Wikipédia pour en savoir plus.

Précision (05) La photographie.

Campons le décor. On sait depuis le Moyen-âge que certains produits noircissent à la lumière. La chambre noire est décrite par les Arabes au Xe siècle. Les lentilles sont correctes depuis le XVe siècle. Au début du XIXe siècle, Niepce fait de nombreux essais, mais il n’est pas le seul. Il utilise du sel d’argent placé au fond d’une chambre noire, mais le sel d’argent continue de noircir après l’exposition et l’image finit par disparaître. Un autre chimiste trouve un fixateur. La première vraie photographie date de 1826, elle est floue, la plaque a été exposée huit heures à la lumière. Quand on liste précisément les essais de ces pionniers super chimistes, on comprend qu’ils sont nombreux à chercher un moyen de piéger cette fameuse image de la chambre noire, mais ce fut assez long et chancelant jusqu’à Daguerre. Les daguerréotypes, ne pouvaient être faits qu'en un seul exemplaire à la fois, leur qualité était aléatoire, et elles nécessitaient des temps d'exposition de plusieurs dizaines de minutes, nous sommes en 1839.

Puis, Talbot installa une feuille de papier enduite de chlorure d'argent dans sa chambre noire. Il obtenait un négatif, qu'il cirait pour le rendre transparent. Il le plaçait ensuite sur une autre feuille imprégnée, puis l'exposait à la lumière du jour. Il créait ainsi une image positive, c’était vraiment très ingénieux.

Le procédé de Talbot permettait de produire plusieurs exemplaires d'une image à partir d'un seul négatif ; de plus, le papier était plus facile à manipuler que le fragile daguerréotype. La technique de Talbot est la base de la photographie moderne.

Après Niepce, Daguerre et Talbot, 24 hommes revendiquent la paternité de la photographie, de la Norvège au Brésil, c’est dire qu’il y avait du monde sur le coup ! Bravo à tous.

Précision (06) Patatogravure.

Comment faire de la patatogravure? Couper la pomme de terre en deux, une coupe franche et nette est indispensable. On veut imprimer, par exemple, une croix. Prenez la surface plane. Le mieux sera d'enlever les quatre angles de la pomme de terre de façon à pouvoir mettre de la peinture sur les quatre bras de la croix. Si la coupe est franche, si les quatre angles sont suffisamment enlevés, vous pourrez imprimer. Tamponner autant de fois que vous le désirerez cette croix de saint André à condition de l'enduire de peinture à chaque fois avec un rouleau ou à défaut en tapotant la pomme de terre gravée sur une palette enduite de couleur.

Que l'on imprime avec un morceau de pomme de terre ou avec un morceau de bois, un carreau de plâtre ou du linoléum, c'est le même principe.

Précision (07) L’encre d’imprimerie.

Notez bien que l'encre d'imprimerie est un corps gras. On confond souvent l'encre de Chine qui est un liquide, les encres des stylos-plume qui sont aussi des liquides, sans trace de graisse aucune, alors que les encres d'imprimerie sont des corps très gras. L’encre d'imprimerie ressemble plus à une boîte de cirage qu’à un flacon d'encre d’école.

Si l'on ne sait pas que l'encre est un corps gras, il est difficile de comprendre la plupart des systèmes d'impression.

J'aurais dû définir ce qu'est l'encre d'imprimerie dès le début du chapitre sur la gravure !

Après l'encrage, la pierre est recouverte d'une feuille de papier humecté, c’est là qu’il y aura le dessin. La pierre recouverte de cette feuille est installée sous une presse à rouleaux. La pression est importante. On peut maintenant récupérer la feuille sur laquelle s'est déposé le dessin encré, encre grasse ! Bien entendu, le dessin sera à l'envers.

On reproduira ce dessin en de nombreux exemplaires.

Précision (08) La lithographie.

Le dessinateur travaille sur une plaque de calcaire, il dessine directement sur la pierre. Mais attention, il ne la grave pas, il ne l'incise pas, il ne la creuse pas.

(On peut aussi exécuter des dessins à lithographier sur des plaques de zinc ou d'aluminium ; elles ne seront pas gravées ce n'est donc pas la technique de la gravure sur métal !)

On dessine à l'aide d'un crayon gras sur la surface lisse. Lorsque l'on nettoiera la surface, donc le dessin, il restera des particules grasses qui pénétreront dans les pores de la pierre.

Avant d'imprimer, la pierre est mouillée.

Les parties qui n'ont pas été dessinées n'ont pas de traces de gras.

Les parties qui ont été dessinées ont gardé les traces du crayon gras.

Il sera donc impossible de mouiller les parties légèrement grasses, c'est-à-dire les traces grasses du dessin sur la pierre.

Ainsi, grâce à l’incompatibilité réciproque du gras et de l'eau, l'encre n'adhèrera pas aux surfaces mouillées.

Précision (09) Le cinéma.

Pour en savoir plus et mieux sur le principe du cinéma que tout le monde croit connaître, il vous faudra vous reporter sur ce même blog à l’article consacré au cinéma.