mercredi, janvier 03, 2007

Picasso/Guernica/Puzzle.





















Tout le monde le connaît.
Certains disent que c'est un génie, d'autres que c'est un plaisantin. C'est souvent quand on ne connaît pas qu'on pense que c'est un farceur. C’est sûrement l'artiste qui nous a le plus laissé de peintures.
Quelquefois pour se moquer, on dit : « Tu fais du Picasso ! » Cela veut dire que tu dessines n'importe quoi...



... Ce n'est peut-être pas si simple qu'on le croit de faire du Picasso.
Il faudra essayer.
On dit que Picasso gagnait des millions avec ses dessins, on disait que pour payer ses repas il découpait les dessins qu'il avait griffonnés sur les nappes en papier des restaurants.
C'est vrai qu'il gagnait beaucoup d'argent avec sa peinture. Mais il a été riche seulement à partir de cinquante ans. Il a vécu 90 ans.
Il a vécu vingt ans en Espagne; toute sa jeunesse. Il y fut heureux. Il a beaucoup dessiné avec son père qui était professeur de dessin, puis il est allé dans différentes écoles d'art espagnoles.
Il était curieux et toujours insatisfait.
Il a voulu savoir ce qui se passait à Paris. À Paris, on parlait beaucoup des impressionnistes, de Monet, de Cézanne.

Paris était le centre de la peinture de l'Europe. Picasso par curiosité a voulu voir; il s'y est installé. Mais il a beaucoup hésité, il a failli retourner huit fois en Espagne. Quand on est loin de sa famille, ça doit être dur !
De plus il ne gagnait pas du tout sa vie avec sa peinture à Paris, il ne vendait aucun de ses tableaux. Jusqu'à l'âge de 30 ans, Picasso n'a pratiquement rien vendu. Alors quand on dit qu'il était riche, il faut savoir qu'il ne l’a pas toujours été.
Pendant plus d'une dizaine d'années à Paris il a vraiment été très pauvre. Il ne faut pas l'oublier. Il a eu froid.

Picasso a toujours gardé son accent espagnol, il est quelquefois difficilement compréhensible ; « je cherche "cé qué yé pourrais bien en faire" » disait-il lorsqu'il avait en main un objet de rebut qu'il aimait : "objetdérébus". (Il faut prendre l’accent pour être efficace et compréhensible.)

Il y a un très beau film qui le montre au travail ; il n’est pas très grand, chauve, l'oeil rigolard, torse nu, en short, on ne s'attend pas à voir un artiste dans cette tenue, il faut dire qu'il est sur la Côte d'Azur, il y fait chaud.
Dans le film, on le voit s'amuser à ne pas savoir ce qu'il veut peindre, il change plusieurs fois d'idées sur une même toile ; un poisson se transforme progressivement en un coq, puis en vase avec des fleurs, on ne s'y attendait pas.
Il faut voir des extraits de ce film.

Il a régulièrement dit des phrases étranges :
« Si je n'ai pas de rouge, je prends du vert. » ... Alors que nous on irait acheter ou emprunter de la couleur rouge pour absolument peindre la robe rouge..., lui il se débrouille, c’est un malin. C’est un joueur.

Il a dit : « pour savoir ce qu'on veut dessiner, il faut commencer à le faire. » ... Ça veut dire que même si tu ne sais pas ce que tu veux dessiner il faut commencer par faire des gribouillis, des lignes, le reste viendra bien par la suite, il faut y croire!



Il a dit : « quand je sais ce que je vais faire, ça n'a plus d'intérêt, je préfère faire autre chose. »

... Il veut dire qu'il aime bien l'aventure, il n'aime pas quand tout est prévu, il pense qu'on ne doit pas avoir dans la tête l'image de ce que l'on va peindre. Parce que de toute façon, nous n’arriverons jamais à peindre ce qu’on a dans sa tête. Il dit même que ce n'est pas possible d'avoir l'image dans la tête, on en a que des morceaux éparpillés difficiles à rassembler. Essayer de vous rappeler la couleur des yeux de quelqu'un que vous aimez bien. Quelle est la forme de ses oreilles ? A-t-il une petite bosse sur le nez ? Quel est sa largeur ? On ne sait pas toujours exactement.

Quelqu'un demanda à Picasso : « Maître, combien avez-vous mis de temps pour réaliser cette oeuvre ?» « J'ai mis vingt ans pour faire ça en dix minutes, répondit-il.»

Il voulait dire qu'il a mis beaucoup de temps à apprendre à dessiner, qu'il a mis encore plus de temps à apprendre à déformer et à changer les choses, et qu'il est maintenant facile pour lui d'aller vite pour peindre. Comme pour un jongleur, on pense que c'est facile quand on voit ses balles voltiger, mais il a mis longtemps à apprendre.
Lui n'avait pas la peinture des autres pour apprendre à peindre comme ça, c'est pour cela qu'il a mis vingt ans ou trente ans. Si vous voulez peindre comme Picasso vous pouvez apprendre vite, surtout si vous observez bien les reproductions et encore mieux si vous voyez une vraie peinture de lui dans un musée.
C'est l’idéal d'aller dans un musée pour parler devant la peinture.



Picasso a eu beaucoup de femmes dans sa vie, on dit qu'il était coureur de jupons, on exagère un peu. Il s'est marié six ou sept fois. Mais, ça ne s'est pas toujours bien passé, sa deuxième femme Éva est morte de la tuberculose. Et puis, il y a une autre qui ne voulait pas de poussière dans l'appartement, et ça, Picasso ne le supportait pas, alors ils se sont quittés.
Les femmes sont importantes dans sa vie, il faut en parler, puisqu'il les a beaucoup peintes.
Il a beaucoup peint les portraits et les corps des femmes qu'il a aimés, puis qu’il a fait pleurer.



Les portraits qu'il a peints sont un peu bizarres; ses compagnes ne ressemblent pas trop aux photographies que l'on connaît bien, mais ça ne l'intéressait pas de peindre comme un appareil photographique.., si c’est ça, il n’y a qu’à appuyer sur le déclencheur...
Il aimait bien dessiner et peindre tous les côtés d'un visage à la fois, de face et de côté, du dessus et du dessous, cela l'appareil photo ne pouvait pas le faire, il était content de cela.
Il comprenait mieux la personne qu'il peignait.
Il s'amusait beaucoup avec les couleurs du visage, et cela aussi la photographie en noir et blanc de l'époque ne pouvait pas le faire. Une de ces femmes était blonde, il exagérait la blondeur de ses cheveux, il mettait du jaune partout autour d'elle et il pouvait lui faire deux nez, un de face et un de profil.
Picasso aimait bien la vie.


Guernica.


Vous devez posséder une bonne reproduction, une photocopie par élève est possible puisque l'oeuvre est en noir et blanc.





Lorsqu'il a une cinquantaine d'années la guerre d'Espagne éclate. Il y a un bombardement qui fait peur au monde entier sauf aux dictateurs.
Picasso est très affecté puisque ce bombardement a lieu dans une petite ville d'Espagne qui s'appelle Guernica.
En plein jour, les avions allemands bombardent Guernica pendant trois heures, il y a 1600 morts, que des femmes et des enfants, il n'y avait pas de soldat.
C'est barbare !



Pour ne pas oublier cette horreur, il commença à peindre une grande toile de huit mètres sur trois mètres cinquante pour raconter ce drame.
Picasso met six semaines pour peindre cette grande toile qui sera montrée à Paris dans une grande exposition (1937).
La première semaine, il se demande quoi peindre pour expliquer que toutes les guerres du monde sont atroces et injustes, il fait tout de même des croquis pour essayer.
Il a changé souvent d'idées, il a beaucoup changé les détails au fur et à mesure qu'il peignait.
Il a bien réussi sa peinture puisqu’elle est maintenant considérée comme l'un des chefs-d'oeuvre du XXe siècle.
Elle ne montre pas trop l'horreur, il n'y a pas de sang, pas de larmes, et sa peinture est en noir et blanc. C'est assez étrange, la toile ressemble à une gigantesque photo de journal, mais ce n'est pas une photo de journal, puisque rien ne semble vrai...
Il n'y a pas un homme mort au sol, c'est juste une sculpture qui est cassée ; Arès, le dieu de la guerre.
Mais tout de même ! Un cheval transpercé d'une lance occupe tout le milieu du tableau, c'est quand même de l'horreur ; le cheval symbolise le peuple espagnol…, C’est lui qui l’a dit.



Et puis, il y a une maman qui porte son bébé mort, le bébé c'est l'espoir..., il n'en a plus.
Derrière le cheval, un taureau donne l'impression de regarder tranquillement la scène. Picasso aime les corridas, c'est un peu barbare aussi.



Le taureau est l'animal auquel il aimerait ressembler ; ne pas oublier qu'il est espagnol. Il a beaucoup dessiné des taureaux, et aussi des hommes taureaux (Minotaure). Picasso a de l'énergie et de la puissance, il s’est mis en scène de cette manière dans le tableau.



Il y a le feu dans une maison, mais on a l'impression que c'est du feu de théâtre, que ce sont des tissus qui volent au vent d'un ventilateur, c'est un faux feu.
La femme qui tient une lampe et qui fait presque le grand écart ressemble à la sculpture de la statue de la liberté à New York, mais elle est moins calme.

Picasso n'a pas voulu que cette grande toile aille en Espagne tant que le dictateur espagnol était en place, elle a attendu à New York pendant longtemps.
Depuis 1975 le dictateur Franco est mort, du coup, on peut voir la peinture à Madrid.
Drôle d'aventure pour une peinture.
Et l'aventure s'est poursuivie il n'y a pas longtemps avant la guerre en Irak : dans une grande assemblée pour la paix dans le monde (l’O.N.U) il y avait affiché depuis longtemps une copie de Guernica de Picasso, c'était une bonne idée, on pouvait voir le symbole de la paix à la télévision.



Mais, au moment où la guerre a été déclarée, ils l'ont enlevée. Cette peinture symbolise tellement la stupidité de la guerre qu’ils ont été obligés de la cacher.
Qu'aurait pensé Picasso de cette partie de cache-cache




Drôle de puzzle.

...Ou combinaison d'éléments de visage appartenant à l'oeuvre de Picasso.


Chaque enfant possède une photocopie de format A3 sur laquelle des éléments de portraits de Picasso ont été découpés et rassemblés pêle-mêle ; un chien n'y retrouverait pas ses chiots.



Trois photocopies A3 sont à joindre à ce texte.
Il n'y a jamais tous les éléments d'un même portrait sur un même format A3.
Cette feuille photocopiée en noir et blanc pourrait très bien convenir pour deux élèves, c'est selon, mais c'est plus confortable d'être seul avec ce grand format.
Chaque enfant possède une feuille A4 vierge de couleur ou à défaut blanche.
De la colle bâton, qui est préférable à la colle liquide.

L'enfant va découper et choisir des formes dans le format A3 pour les composer de façon à obtenir un portrait sur le format teinté A4. L'enfant sera amené à manipuler les formes, à les combiner, à expérimenter, à choisir avant de coller.
C'est l'enseignant qui choisit le moment pour coller.
C'est important d'allonger le temps de manipulation des bouts de visage découpé sur le petit format avant de coller !

(Les enfants auront bien des difficultés à retrouver les places exactes des pièces non collées et judicieusement placées lorsqu'ils les retourneront pour les encoller, mais vous n'y pouvez pas grand-chose. Vous n'allez tout de même pas leur demander de mettre des repères au crayon !)

Grâce au petit format, l'enfant va concentrer les formes découpées. Il va être obligé de les superposer. Lui imposer de prendre beaucoup de pièces de façon à construire la tête la plus grosse possible dans le format A4.


Voici ci-dessous la gradation des consignes : je veux dire que les premières consignes sont indispensables, puis elles se compliquent, pour vous et pour les enfants. Adaptez les, à vous et à votre cycle :

« Découpez quelques morceaux dans cette grande feuille et recollez les sur cette petite feuille de façon à obtenir le portrait de quelqu'un que vous n'auriez pas envie de connaître. »
Cette consigne peut suffire.



Les consignes qui suivent doivent enrichir le travail. Choisissez en certaines.

« Vous devrez concentrer, rassembler les morceaux, et même les superposer s'il le faut. »
« Dans le visage, on ne doit plus voir la couleur du fond, ou alors exceptionnellement.»
« N'hésitez pas à utiliser les mains, elles peuvent s'approcher du visage, toucher le visage. Ce personnage que vous n'avez pas envie de connaître peut se gratter le nez, se tenir le menton en regardant méchamment, etc.
«... Mais vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez, ce sont les morceaux découpés et retournés qui décideront eux-mêmes de l’attitude (patibulaire, comique, triste...) de l'individu »
« Dans la partie inférieure, il y aura les vêtements du buste, col de dentelle, épaulettes de général, bijoux, cravate, etc. mais vous ne trouverez pas ce que vous voulez. Tant pis ! »
« Vous ferez un cou, grâce à cela la tête ne flottera pas au milieu de la page comme s'il était guillotiné. »

Vous pouvez encore vous contenter de cela. Les consignes suivantes sont difficiles à faire entendre, mais ce n'est pas une raison pour ne pas les donner. (Suggestions pour le cycle 3.)

« Vous pourrez même encore découper certains morceaux. »
« Le portrait n'est pas très intéressant quand il est de face (symétrique). Il est encore moins intéressant quand il est de profil. Il y a beaucoup plus de détails à faire quand il est légèrement tourné c'est-à-dire de trois-quarts. »
« Essayer de travailler l'expression, c'est-à-dire que votre personnage doit avoir une attitude, il doit exprimer un sentiment comme un acteur, il n'est pas figé. Ouvrez-lui la bouche, augmenter le nez, choisissez-lui sa coiffure, faites lui des cernes sous les yeux.
N'oubliez pas que vous n'avez pas envie de le connaître. »



Vous pouvez faire de la pédagogie différenciée, les trois consignes qui suivent peuvent être données aux esprits les plus vifs.

« Si certains traits noirs de la photocopie ne sont pas assez foncés, repassez-les au feutre noir. »
Vous pouvez aussi avoir envie de prolonger certaines lignes, comme la ligne des sourcils qui se prolongent par le nez, une ligne de cheveux qui descend jusqu'au cou, la ligne de la mâchoire. »
« Il faut équilibrer les zones noires, grises et blanches de votre portrait de façon à ce qu’il donne l'impression d'être éclairé par la droite ou par la gauche. »


Ce travail de combinaison de formes choisies dans l'oeuvre de Picasso est l'occasion de montrer quelques tableaux de Picasso ; un livre à consulter peut suffire.
Si vous possédez une reproduction plus grande, ce peut être l'occasion de mener une sérieuse discussion d'analyse.



Picasso (1881-1973)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

En ce qui concerne gernica il me viens à l'esprit une réponse de Picasso suivant une question donné par un allemand durant l'occupation

-"Monsieur Picasso, c'estte peinture c'est vous qui l'avez faite,"
Picasso se retourne vers l'officier et répond
-"NON, c'est vous qui l'avez faite"

Salut Gilbert, je ne sais pas si tu te souviens de moi, un encien de luminy, si sa t'amuses, vas sur les URL si joint, les deux adresses sont liés
bonne année 2007, amicalement eric

http://eteyssie.over-blog.com/
et
http://art.teyssie.over-blog.com/