lundi, janvier 08, 2007

Degas / Yeux éteints.









La lumière et les yeux éteints d’Edgar Degas.





Cela ne doit pas être très agréable pour un artiste peintre de travailler avec les yeux abîmés.
Les artistes qui ont une bonne vue installent leur atelier de travail dans un lieu ensoleillé pour profiter de la lumière ; il n'y a pas toujours eu l’électricité et de belles lampes pour éclairer les ateliers.
Mais alors l'hiver, quand la nuit tombe tôt et que le jour se lève tard ?
Il ne leur restait que quelques heures pour peindre !
Mais il y a plus déconcertant, le peintre italien Le Caravage peignait dans une cave en dessous du niveau du fleuve (le Tibre) qui s'écoule à Rome. Il était dans la pénombre, il n’y avait que la lumière du soupirail et l’éclairage des bougies. Quand on voit ses extraordinaires peintures obscures, on se demande où il était pour peindre et où étaient ses modèles ; tout est ténébreux.
Peut-être Le Caravage a-t-il fait comme le cinéaste François Truffaut ?
Dans son film "La Nuit Américaine", (1973) François Truffaut nous révèle un trucage de cinéma plutôt rigolo : il y a trente ans, on filmait tout le temps avec la lumière du jour, et on faisait croire aux spectateurs de la salle de cinéma que l’histoire se passait la nuit, ils y croyaient, ça faisait même peur. En réalité, c'était filmé en plein jour et le film nous fait toujours croire que c'est la nuit : « La Nuit Américaine », c’est le nom du trucage.



Dans "Barry Lindon" (1975 ), Stanley Kubrick est le premier cinéaste à se servir d'une caméra qui filme vraiment dans la pénombre. Depuis là, beaucoup d'autres metteurs en scène le font. La sensibilité des films est bien meilleure, on peut filmer la tombée de la nuit, mais il y en a qui abusent ! Par exemple, en dévédé à la maison, sur un petit écran on discerne peu de choses des scènes de nuit de certains films ; Blade runner, Margot,etc.

Le peintre Henri Matisse âgé, qui a toujours eu bon œil, mais de mauvaises jambes, a volontairement travaillé les yeux bandés de jour, pour changer ses habitudes, pour le plaisir, parce que c’est un peintre qui a souvent expérimenté.
Peut-être d'autres artistes ont-ils travaillé les yeux bandés ? L'avantage quand on a les yeux fermés par un bandeau, c'est que l'on peut l’enlever et rouvrir les yeux quand on veut…, si ça va mal.
Et, si l'on veut vraiment travailler la nuit sans lumière, on peut…, on se déplace à tâtons jusqu'à l'interrupteur pour éclairer la pièce : Ouf ! Si vous voulez essayer de peindre dans le noir, ayez l'interrupteur à la portée de la main, c’est mieux.



Les peintres âgés peuvent avoir des problèmes de dents, de jambes, mais aussi de vue.
On ne parle pas assez des peintres âgés.


Il y a des peintres âgés qui ont peint dans un brouillard assez épais, mais ils n’y faisaient pas exprès. Ils ne pouvaient plus savoir avec précision ce qu'ils peignaient avec leurs pinceaux.


Un peintre qui a beaucoup souffert de ses yeux presque aveugles est le peintre Edgar Degas.




Cet illustre peintre n’a pas pu voir les peintures qu’il a faites à la fin de sa vie. Il n’a pas pu les voir comme nous nous les voyons aujourd’hui aux musées; éclatantes de couleurs !

C'est un peintre de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Il est mort âgé, en 1917, dans l'oubli…, l'Europe avait bien d'autres chats à fouetter que de s’occuper de peinture à cette époque, elle était en guerre, il y avait des millions de morts à Verdun.
Edgar Degas est donc mort dans l'oubli comme bien d’autres, cela faisait déjà vingt ans qu'il était presque aveugle. Ça lui est arrivé progressivement.
Déjà, pendant son service militaire, Degas s'était plaint de troubles de la vue.
On ne sait pas bien ce qu'il a fait dans les dernières années de sa vie puisqu'il était oublié de tous.
Mais, on sait très bien ce qu'il a fait avant 1900 ; il a peint aux pastels de magnifiques tableaux aux traits vifs et colorés.
À cette époque, il ne voyait plus très bien les choses et les couleurs. Quand il se servait de ses bâtons de pastel, il les frottait et les briquait sur le papier avec beaucoup plus d'énergie que lorsqu’il voyait parfaitement ; sans doute par rage.
Regardez ses dessins à partir de 1890.

Lors des séances de dessin, il lui arrivait de demander à son modèle quelle couleur de pastel il devait employer… Il se faisait donc aider par les yeux de la personne qu’il peignait !



À cette époque, le peintre faisait venir chez lui un modèle, souvent une femme nue. Degas aimait dessiner les jeunes femmes faisant leur toilette dans un "tub". C’est un mot anglais qui signifie : baignoire métallique…, qui n’est pas équipée d'un robinet d'eau chaude et d’eau froide… Après le savonnage, il faut se rincer soi-même en se versant une cruche d'eau sur la tête. Le mot "tub" figure assez souvent dans les titres d’Edgar Degas.
Maintenant que l'on entrevoit à peu près ce que ce peintre « miro » tente de dessiner, il faut l'imaginer ayant à peu près cette conversation avec son modèle :

"J’ai terminé de peindre la serviette rayée rouge et orange avec laquelle tu t’essuies les cheveux. De quelles couleurs sont tes cheveux?"
"Ils sont roux avec des reflets orange !"
"Merci ! Ça me suffit, il ne faut pas que j'oublie les reflets"
"Il y a des reflets sur mes cheveux ?"
"Je ne les vois pas, mais il y a toujours des reflets de lumière blanche sur les cheveux soyeux. Je ne vois pas la couleur de tes cheveux, je ne vois que les belles courbes de ton corps légèrement en contre jour avec la fenêtre..."

À cette époque, les coups de pastel d’Edgar Degas donnent l'impression d'être un véritable feu d'artifice.
Dans certains tableaux, il attaque le support avec frénésie. Le contact est violent, le dépôt de pastel est assez important.
Ses yeux sont à demi éteints, mais il doit vouloir à tout prix apercevoir les couleurs de ses mines de couleur, c'est presque comme s'il avait envie de faire des étincelles avec ses bâtons de pastel comme un homme préhistorique qui brique deux silex, qui veut absolument découvrir le feu.
Et ça marche pour lui !
À cette force presque brutale, il faut ajouter son excellente mémoire qui lui permet de retrouver à coup sûr les courbes qu’il a enregistrées durant les dizaines d'années de travail devant les modèles. Aujourd’hui, le modèle qu’il a devant lui ne lui est pas très utile puisqu’il ne le voit pas bien, mais il le connaît, il l’a déjà enregistré, il l’a déjà vu sous cet angle.
Il est capable tel un puissant ordinateur de tourner autour, et d'apprécier les changements des courbes du corps dans l'espace.

On peut dire que c’est parce qu'il était aveugle qu’il a inventé un nouveau style, un style aux couleurs incandescentes, ardentes et fluorescentes.
Degas a inventé le feu d'artifice au pastel.

Il faut savoir que ça a dû vraiment le dégoûter d'avoir la vue très basse, cela le mettait de mauvaise humeur assez souvent, on le serait à moins !
On est quelquefois de mauvaise humeur à cause du temps, ou d'un vêtement qu'on n'aime pas et que l'on est obligé de porter. C'est dire que d'être peintre aveugle ça doit "foutre les boules".
Essayez de dessiner avec les yeux bandés pour comprendre ce que doit être la journée d'une personne malvoyante, aveugle et par-dessus le marché, peintre.
Vous pouvez répondre :
-"Les aveugles ne peignent pas."
-"Ils ne peignent pas s’ils sont aveugles de naissance, mais Edgar Degas n'est pas dans ce cas, sa vue a baissé progressivement, et, il n'allait tout de même pas changer de métier ?"
-"Il aurait dû changer de métier !"
-"Qu'aurait-il pu faire comme autre métier tout en restant artiste ?"
-"Musicien..., oui, mais cela n'a rien à voir, il faudrait tout recommencer, alors que Degas est déjà un des plus grands peintres du XIXème siècle."
"Il n'a qu'à faire sculpteur !"

"C'est exactement ce qu’il a fait..,
…pas tout à fait, puisqu'un sculpteur taille et enlève de la matière, du bois, du marbre, alors qu'Edgar Degas a travaillé avec de l'argile. C'était une bonne idée de modeler, parce que ses mains n'étaient pas aveugles du tout, et, dans sa tête, il avait la parfaite mémoire des formes."




Il va donc modeler beaucoup l'argile et la cire ; il a modelé surtout des chevaux et des danseuses.
Lorsque sa vue était encore bonne, Edgar Degas a peint beaucoup de danseuses à l'Opéra : quand il ne put plus bien les voir, qu'il ne voyait plus que du brouillard, il devait encore les « sentir » danser devant lui dans l’argile… Il se servait sans doute de la terre glaise comme d'une dernière assistance pour « voir » les ballerines revivre et danser sous ses doigts.
Edgar Degas avec de l'argile a réussi à nous transmettre l'effort, la légèreté, la tension, l'audace des poses de ces jeunes filles. Ceux qui ont vu ses figurines dans son atelier ont pu le dire !



Malheureusement pour nous, il a mal fait son métier, il ne connaissait pas bien les lois du modelage.
Un ami à lui, sculpteur professionnel, disait : « Ce diable d'homme veut sculpter, mais il ne veut pas apprendre la sculpture. Pour qu’une sculpture soit solide, il faut qu'elle ait une structure solide, sans quoi il arrive un moment où tout dégringole. Je ne peux pas lui faire entrer cela dans la tête. Si un bras d’une danseuse dépasse l'aplomb et risque de tomber, il y met un bout d’allumette, ce n’est pas solide du tout ! »
Son ami modeleur avait raison, un grand nombre de statuettes d’Edgar Degas se sont détruites d'elles-mêmes, très peu ont résisté un siècle.
Il y en a tout de même quelques-unes qui ont pu être sauvées, et notamment son chef-d'œuvre, "La jeune danseuse de 14 ans" que l'on peut voir au musée d'Orsay : Elle est assez impolie avec son pied en avant et sa tête relevée.




Il l’a habillée d’un véritable tutu en tulle, et elle a un ruban de satin dans les cheveux, ça ne se faisait pas à cette époque d’ajouter du tissu à de l’argile.
Si les statuettes sont tombées en poussière dans son atelier, heureusement les peintures et les dessins eux, se sont bien conservés ! Les danseuses sont encore aujourd’hui très belles avec leurs tutus colorés aux pastels vifs.



« Un feu d’artifice éclate dehors, vous l’entendez, mais vous ne pouvez pas le voir.
Il est derrière la montagne.
Vous ragez !
Vous prenez une feuille blanche ou noire, des bâtons de pastel.
…Faites le bouquet final.
Vous avez les yeux ouverts, fermés ou bandés, c’est comme vous voulez.
Dessinez les étincelles dans le ciel,
…c’est énergique, c’est rapide, c’est coloré, ça éclate de partout, c’est beau de couleurs…
… vous entendez la fête ? »







mercredi, janvier 03, 2007

Picasso/Guernica/Puzzle.





















Tout le monde le connaît.
Certains disent que c'est un génie, d'autres que c'est un plaisantin. C'est souvent quand on ne connaît pas qu'on pense que c'est un farceur. C’est sûrement l'artiste qui nous a le plus laissé de peintures.
Quelquefois pour se moquer, on dit : « Tu fais du Picasso ! » Cela veut dire que tu dessines n'importe quoi...



... Ce n'est peut-être pas si simple qu'on le croit de faire du Picasso.
Il faudra essayer.
On dit que Picasso gagnait des millions avec ses dessins, on disait que pour payer ses repas il découpait les dessins qu'il avait griffonnés sur les nappes en papier des restaurants.
C'est vrai qu'il gagnait beaucoup d'argent avec sa peinture. Mais il a été riche seulement à partir de cinquante ans. Il a vécu 90 ans.
Il a vécu vingt ans en Espagne; toute sa jeunesse. Il y fut heureux. Il a beaucoup dessiné avec son père qui était professeur de dessin, puis il est allé dans différentes écoles d'art espagnoles.
Il était curieux et toujours insatisfait.
Il a voulu savoir ce qui se passait à Paris. À Paris, on parlait beaucoup des impressionnistes, de Monet, de Cézanne.

Paris était le centre de la peinture de l'Europe. Picasso par curiosité a voulu voir; il s'y est installé. Mais il a beaucoup hésité, il a failli retourner huit fois en Espagne. Quand on est loin de sa famille, ça doit être dur !
De plus il ne gagnait pas du tout sa vie avec sa peinture à Paris, il ne vendait aucun de ses tableaux. Jusqu'à l'âge de 30 ans, Picasso n'a pratiquement rien vendu. Alors quand on dit qu'il était riche, il faut savoir qu'il ne l’a pas toujours été.
Pendant plus d'une dizaine d'années à Paris il a vraiment été très pauvre. Il ne faut pas l'oublier. Il a eu froid.

Picasso a toujours gardé son accent espagnol, il est quelquefois difficilement compréhensible ; « je cherche "cé qué yé pourrais bien en faire" » disait-il lorsqu'il avait en main un objet de rebut qu'il aimait : "objetdérébus". (Il faut prendre l’accent pour être efficace et compréhensible.)

Il y a un très beau film qui le montre au travail ; il n’est pas très grand, chauve, l'oeil rigolard, torse nu, en short, on ne s'attend pas à voir un artiste dans cette tenue, il faut dire qu'il est sur la Côte d'Azur, il y fait chaud.
Dans le film, on le voit s'amuser à ne pas savoir ce qu'il veut peindre, il change plusieurs fois d'idées sur une même toile ; un poisson se transforme progressivement en un coq, puis en vase avec des fleurs, on ne s'y attendait pas.
Il faut voir des extraits de ce film.

Il a régulièrement dit des phrases étranges :
« Si je n'ai pas de rouge, je prends du vert. » ... Alors que nous on irait acheter ou emprunter de la couleur rouge pour absolument peindre la robe rouge..., lui il se débrouille, c’est un malin. C’est un joueur.

Il a dit : « pour savoir ce qu'on veut dessiner, il faut commencer à le faire. » ... Ça veut dire que même si tu ne sais pas ce que tu veux dessiner il faut commencer par faire des gribouillis, des lignes, le reste viendra bien par la suite, il faut y croire!



Il a dit : « quand je sais ce que je vais faire, ça n'a plus d'intérêt, je préfère faire autre chose. »

... Il veut dire qu'il aime bien l'aventure, il n'aime pas quand tout est prévu, il pense qu'on ne doit pas avoir dans la tête l'image de ce que l'on va peindre. Parce que de toute façon, nous n’arriverons jamais à peindre ce qu’on a dans sa tête. Il dit même que ce n'est pas possible d'avoir l'image dans la tête, on en a que des morceaux éparpillés difficiles à rassembler. Essayer de vous rappeler la couleur des yeux de quelqu'un que vous aimez bien. Quelle est la forme de ses oreilles ? A-t-il une petite bosse sur le nez ? Quel est sa largeur ? On ne sait pas toujours exactement.

Quelqu'un demanda à Picasso : « Maître, combien avez-vous mis de temps pour réaliser cette oeuvre ?» « J'ai mis vingt ans pour faire ça en dix minutes, répondit-il.»

Il voulait dire qu'il a mis beaucoup de temps à apprendre à dessiner, qu'il a mis encore plus de temps à apprendre à déformer et à changer les choses, et qu'il est maintenant facile pour lui d'aller vite pour peindre. Comme pour un jongleur, on pense que c'est facile quand on voit ses balles voltiger, mais il a mis longtemps à apprendre.
Lui n'avait pas la peinture des autres pour apprendre à peindre comme ça, c'est pour cela qu'il a mis vingt ans ou trente ans. Si vous voulez peindre comme Picasso vous pouvez apprendre vite, surtout si vous observez bien les reproductions et encore mieux si vous voyez une vraie peinture de lui dans un musée.
C'est l’idéal d'aller dans un musée pour parler devant la peinture.



Picasso a eu beaucoup de femmes dans sa vie, on dit qu'il était coureur de jupons, on exagère un peu. Il s'est marié six ou sept fois. Mais, ça ne s'est pas toujours bien passé, sa deuxième femme Éva est morte de la tuberculose. Et puis, il y a une autre qui ne voulait pas de poussière dans l'appartement, et ça, Picasso ne le supportait pas, alors ils se sont quittés.
Les femmes sont importantes dans sa vie, il faut en parler, puisqu'il les a beaucoup peintes.
Il a beaucoup peint les portraits et les corps des femmes qu'il a aimés, puis qu’il a fait pleurer.



Les portraits qu'il a peints sont un peu bizarres; ses compagnes ne ressemblent pas trop aux photographies que l'on connaît bien, mais ça ne l'intéressait pas de peindre comme un appareil photographique.., si c’est ça, il n’y a qu’à appuyer sur le déclencheur...
Il aimait bien dessiner et peindre tous les côtés d'un visage à la fois, de face et de côté, du dessus et du dessous, cela l'appareil photo ne pouvait pas le faire, il était content de cela.
Il comprenait mieux la personne qu'il peignait.
Il s'amusait beaucoup avec les couleurs du visage, et cela aussi la photographie en noir et blanc de l'époque ne pouvait pas le faire. Une de ces femmes était blonde, il exagérait la blondeur de ses cheveux, il mettait du jaune partout autour d'elle et il pouvait lui faire deux nez, un de face et un de profil.
Picasso aimait bien la vie.


Guernica.


Vous devez posséder une bonne reproduction, une photocopie par élève est possible puisque l'oeuvre est en noir et blanc.





Lorsqu'il a une cinquantaine d'années la guerre d'Espagne éclate. Il y a un bombardement qui fait peur au monde entier sauf aux dictateurs.
Picasso est très affecté puisque ce bombardement a lieu dans une petite ville d'Espagne qui s'appelle Guernica.
En plein jour, les avions allemands bombardent Guernica pendant trois heures, il y a 1600 morts, que des femmes et des enfants, il n'y avait pas de soldat.
C'est barbare !



Pour ne pas oublier cette horreur, il commença à peindre une grande toile de huit mètres sur trois mètres cinquante pour raconter ce drame.
Picasso met six semaines pour peindre cette grande toile qui sera montrée à Paris dans une grande exposition (1937).
La première semaine, il se demande quoi peindre pour expliquer que toutes les guerres du monde sont atroces et injustes, il fait tout de même des croquis pour essayer.
Il a changé souvent d'idées, il a beaucoup changé les détails au fur et à mesure qu'il peignait.
Il a bien réussi sa peinture puisqu’elle est maintenant considérée comme l'un des chefs-d'oeuvre du XXe siècle.
Elle ne montre pas trop l'horreur, il n'y a pas de sang, pas de larmes, et sa peinture est en noir et blanc. C'est assez étrange, la toile ressemble à une gigantesque photo de journal, mais ce n'est pas une photo de journal, puisque rien ne semble vrai...
Il n'y a pas un homme mort au sol, c'est juste une sculpture qui est cassée ; Arès, le dieu de la guerre.
Mais tout de même ! Un cheval transpercé d'une lance occupe tout le milieu du tableau, c'est quand même de l'horreur ; le cheval symbolise le peuple espagnol…, C’est lui qui l’a dit.



Et puis, il y a une maman qui porte son bébé mort, le bébé c'est l'espoir..., il n'en a plus.
Derrière le cheval, un taureau donne l'impression de regarder tranquillement la scène. Picasso aime les corridas, c'est un peu barbare aussi.



Le taureau est l'animal auquel il aimerait ressembler ; ne pas oublier qu'il est espagnol. Il a beaucoup dessiné des taureaux, et aussi des hommes taureaux (Minotaure). Picasso a de l'énergie et de la puissance, il s’est mis en scène de cette manière dans le tableau.



Il y a le feu dans une maison, mais on a l'impression que c'est du feu de théâtre, que ce sont des tissus qui volent au vent d'un ventilateur, c'est un faux feu.
La femme qui tient une lampe et qui fait presque le grand écart ressemble à la sculpture de la statue de la liberté à New York, mais elle est moins calme.

Picasso n'a pas voulu que cette grande toile aille en Espagne tant que le dictateur espagnol était en place, elle a attendu à New York pendant longtemps.
Depuis 1975 le dictateur Franco est mort, du coup, on peut voir la peinture à Madrid.
Drôle d'aventure pour une peinture.
Et l'aventure s'est poursuivie il n'y a pas longtemps avant la guerre en Irak : dans une grande assemblée pour la paix dans le monde (l’O.N.U) il y avait affiché depuis longtemps une copie de Guernica de Picasso, c'était une bonne idée, on pouvait voir le symbole de la paix à la télévision.



Mais, au moment où la guerre a été déclarée, ils l'ont enlevée. Cette peinture symbolise tellement la stupidité de la guerre qu’ils ont été obligés de la cacher.
Qu'aurait pensé Picasso de cette partie de cache-cache




Drôle de puzzle.

...Ou combinaison d'éléments de visage appartenant à l'oeuvre de Picasso.


Chaque enfant possède une photocopie de format A3 sur laquelle des éléments de portraits de Picasso ont été découpés et rassemblés pêle-mêle ; un chien n'y retrouverait pas ses chiots.



Trois photocopies A3 sont à joindre à ce texte.
Il n'y a jamais tous les éléments d'un même portrait sur un même format A3.
Cette feuille photocopiée en noir et blanc pourrait très bien convenir pour deux élèves, c'est selon, mais c'est plus confortable d'être seul avec ce grand format.
Chaque enfant possède une feuille A4 vierge de couleur ou à défaut blanche.
De la colle bâton, qui est préférable à la colle liquide.

L'enfant va découper et choisir des formes dans le format A3 pour les composer de façon à obtenir un portrait sur le format teinté A4. L'enfant sera amené à manipuler les formes, à les combiner, à expérimenter, à choisir avant de coller.
C'est l'enseignant qui choisit le moment pour coller.
C'est important d'allonger le temps de manipulation des bouts de visage découpé sur le petit format avant de coller !

(Les enfants auront bien des difficultés à retrouver les places exactes des pièces non collées et judicieusement placées lorsqu'ils les retourneront pour les encoller, mais vous n'y pouvez pas grand-chose. Vous n'allez tout de même pas leur demander de mettre des repères au crayon !)

Grâce au petit format, l'enfant va concentrer les formes découpées. Il va être obligé de les superposer. Lui imposer de prendre beaucoup de pièces de façon à construire la tête la plus grosse possible dans le format A4.


Voici ci-dessous la gradation des consignes : je veux dire que les premières consignes sont indispensables, puis elles se compliquent, pour vous et pour les enfants. Adaptez les, à vous et à votre cycle :

« Découpez quelques morceaux dans cette grande feuille et recollez les sur cette petite feuille de façon à obtenir le portrait de quelqu'un que vous n'auriez pas envie de connaître. »
Cette consigne peut suffire.



Les consignes qui suivent doivent enrichir le travail. Choisissez en certaines.

« Vous devrez concentrer, rassembler les morceaux, et même les superposer s'il le faut. »
« Dans le visage, on ne doit plus voir la couleur du fond, ou alors exceptionnellement.»
« N'hésitez pas à utiliser les mains, elles peuvent s'approcher du visage, toucher le visage. Ce personnage que vous n'avez pas envie de connaître peut se gratter le nez, se tenir le menton en regardant méchamment, etc.
«... Mais vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez, ce sont les morceaux découpés et retournés qui décideront eux-mêmes de l’attitude (patibulaire, comique, triste...) de l'individu »
« Dans la partie inférieure, il y aura les vêtements du buste, col de dentelle, épaulettes de général, bijoux, cravate, etc. mais vous ne trouverez pas ce que vous voulez. Tant pis ! »
« Vous ferez un cou, grâce à cela la tête ne flottera pas au milieu de la page comme s'il était guillotiné. »

Vous pouvez encore vous contenter de cela. Les consignes suivantes sont difficiles à faire entendre, mais ce n'est pas une raison pour ne pas les donner. (Suggestions pour le cycle 3.)

« Vous pourrez même encore découper certains morceaux. »
« Le portrait n'est pas très intéressant quand il est de face (symétrique). Il est encore moins intéressant quand il est de profil. Il y a beaucoup plus de détails à faire quand il est légèrement tourné c'est-à-dire de trois-quarts. »
« Essayer de travailler l'expression, c'est-à-dire que votre personnage doit avoir une attitude, il doit exprimer un sentiment comme un acteur, il n'est pas figé. Ouvrez-lui la bouche, augmenter le nez, choisissez-lui sa coiffure, faites lui des cernes sous les yeux.
N'oubliez pas que vous n'avez pas envie de le connaître. »



Vous pouvez faire de la pédagogie différenciée, les trois consignes qui suivent peuvent être données aux esprits les plus vifs.

« Si certains traits noirs de la photocopie ne sont pas assez foncés, repassez-les au feutre noir. »
Vous pouvez aussi avoir envie de prolonger certaines lignes, comme la ligne des sourcils qui se prolongent par le nez, une ligne de cheveux qui descend jusqu'au cou, la ligne de la mâchoire. »
« Il faut équilibrer les zones noires, grises et blanches de votre portrait de façon à ce qu’il donne l'impression d'être éclairé par la droite ou par la gauche. »


Ce travail de combinaison de formes choisies dans l'oeuvre de Picasso est l'occasion de montrer quelques tableaux de Picasso ; un livre à consulter peut suffire.
Si vous possédez une reproduction plus grande, ce peut être l'occasion de mener une sérieuse discussion d'analyse.



Picasso (1881-1973)

Art/mémoire.



















L’art et la mémoire.



Mise au point avant de s’embarquer avec Annette Messager, Christian Boltanski et Joseph Beuys.

L’art révèle les pensées importantes des hommes de tous les temps.
Il y a eu les fresques préhistoriques (-14 ooo), il y a eu Michel-Ange (15oo) puis Picasso et Marcel Duchamp (19oo).
Les peintres ont sans doute demandé aux Esprits de la caverne d’aider les chasseurs à tuer des belles bêtes.
L’Art ne sert pas à décorer une caverne, une chapelle Sixtine ou un salon bourgeois, mais ça peut le faire aussi… L’art est plus important que cela.
Il faut essayer de décrypter les œuvres qui restent quand les hommes ont disparu. Il faut trouver pourquoi ça été fait de telle ou telle façon.
À quoi ça servait? Pour quelle raison ?
« La raison religieuse est la plus facile à comprendre et à admettre parce que nous y sommes encore un peu baignés; comment c’est la vie au Paradis, en Enfer ? Michel-Ange a peint cela à sa façon pour le Pape. »



Il faut voir dans l’œuvre d’art le fruit de l’individu dans sa vérité la plus intime, c’est ce que l’on peut trouver dans les œuvres, mais ce n’est pas toujours facile à repérer.

Vous êtes au musée.

Il y a une œuvre que vous n’aimez pas, elle vous révulse. Remarquez qu’il y a bien quelqu’un qui est scotché devant. Cette situation se vérifie toujours. Ce qui n’est pas acceptable pour vous l’est pour un autre, interrogez-le ; vous ne le comprendrez pas.
Remarquez que je n’utilise pas le mot « beau».
Qu’est-ce qui est beau ?




« Le beau pour le crapaud, c’est sa crapaude. » Voltaire veut dire que cela dépend de qui vous êtes.
Alors, ça dépend si vous êtes, dans la préhistoire, en Australie, un enfant, une personne riche, cultivée, etc.
Pourquoi Marcel Duchamp a-t-il mis un urinoir dans un musée ?
Ça a été fait, ce n’est pas beau, ni laid d’ailleurs. L’urinoir est pratique quand il est dans les toilettes!
Un urinoir dans un musée, ça fait rire ou ça scandalise : les deux réactions plaisaient bien à Marcel Duchamp.
Il a fait cela pour choquer. C’est difficile de trouver un objet qui choque plus à cette époque.




Vous devez admettre que vous n’êtes pas le seul à décider de ce qui doit être au musée. Les autres ne sont pas forcément des imbéciles s’ils estiment ce que vous ne regardez pas et vice-versa.

Vous n’aimerez pas Beuys, Messager et Boltanski!
Vous ne mettriez pas une de leurs œuvres dans votre chambre ; ça tombe bien puisque ce n’est pas fait pour cela, pas plus que vous mettriez la peinture d’un renne pour appeler son âme si vous êtes chasseur. Pourtant, le crucifix était là pour appeler à la prière les distraits et faire culpabiliser les pêcheurs. Il est interdit dans les lieux publics depuis 19o5.

Comprendrez-vous Joseph Beuys ?
Il faut raconter l’histoire d’une action artistique de Beuys pour décoder son oeuvre. Et, peut-être l’aimerez-vous parce que vous l’aurez tolérée.
Je ne mise toujours pas sur votre adhésion !
Mettez tout de même de la bonne volonté à me suivre dans l’art contemporain et rappelez-vous en chemin, que les oeuvres préhistoriques étaient peintes ou façonnées, pour aider à guérir, pour se protéger, pour honorer, pour qu’il pleuve, pour que la chasse soit efficace. N’oubliez pas en cours de route, que le Jugement Dernier de Michel-Ange ou l’enfer de Jérôme Bosch devaient dissuader les ignorants de faire des grosses bêtises. Ils ont fait voir l’enfer de manière si horrible que cela a dû avoir de l’effet! Si vous oubliez cette idée, vous ne me suivrez pas.

Joseph Beuys.





En 1974, on demande à Joseph Beuys de venir aux U.S.A, c’était pendant la guerre du Vietnam. Il est contre cette guerre, il ne veut pas fouler la terre américaine pour montrer son désaccord, alors il se fait transporter en ambulance depuis l’aéroport et se fait déposer dans une salle d’exposition avec un coyote qui symbolise pour lui l’extermination des Indiens. Les Indiens, et maintenant les Vietnamiens; ce qu’il fait là est un acte politique de contestation, ça dure sept jours.
Il ne fait pas cette chose absurde de vivre une semaine avec un coyote pour rien. Ce qu’il a fait c’est une action politique ; est-ce pour autant de l’art ?

« L’art n’est pas fait pour décorer les appartements, il est une arme défensive et offensive contre l’ennemi. » Picasso.
Si vous pensez encore que l’art doit être beau dans votre salon, c’est que vous pratiquez la politique de l’autruche, ça fait du bien de temps en temps.

À New York, il ne reste que des traces photographiques de l’ « œuvre théâtrale politique et artistique » de Beuys.
On appelle ce genre d’œuvre d’art une « performance. »
Beaucoup de statuettes préhistoriques de fécondité étaient détruites lors des cérémonies pour invoquer les dieux ; n’était-ce pas là aussi une performance ?
Pour l’artiste préhistorique, c’est un geste magique.
Pour Michel-Ange c’est une prouesse religieuse.
Pour Monet, c’est un hymne à la nature.
Pour Beuys c’est un exploit politique. Il est le premier artiste à faire de sa vie une œuvre d’art, mais il n’est pas le seul. Pour Pollock, la peinture est une projection directe de son monde intérieur.
Il en est de même pour Christian Boltanski et pour Annette Messager.
Être artiste, faire de l’art a toujours été une activité très engageante pour soi ou pour les autres.

Beuys, qui était allemand, vivait dans la culpabilité des fautes commises par son pays lors de la Seconde Guerre Mondiale et si sa performance avec le coyote vous fait rire, moquez-vous aussi de « Guernica » de Picasso qui a été exposé dans le pavillon de la jeune république espagnole à Paris en 1937, face aux grandes puissances qui allaient bientôt l’écraser.
• Guernica est un cri.
• Une Crucifixion est une douleur.



• Une Nativité est une joie.
• Une bataille est une commémoration ou de la propagande.
• Les nymphéas sont des cantiques à la lumière, à l’eau.
• Beuys c’était plutôt le silence pesant qui dérange.
• Christian Boltanski, c’est le silence de la mémoire :


Christian Boltanski.





Au mur des petites photographies d’enfants, elles sont éclairées par-devant par des lampes, la salle est obscure. Une impression pesante se dégage de cette installation qui fait penser à un culte des morts. Mais les enfants sont en bonne santé, ils sont même venus voir leur photo ainsi mise en scène. Ça leur a fait drôle.

Avec un spectacle comme celui-ci, Boltanski essaye de faire basculer le quotidien dans le sacré. Il répète que l’art est nostalgique, qu’il en appelle au passé.
C’est difficile à admettre qu’il est artiste puisqu’il ne peint pas, ne sculpte pas ; il recherche, collecte, éclaire et met en scène.
Dites à un metteur en scène de cinéma ou de théâtre qu’il n’est pas un artiste.



Les mises en scènes de Boltanski révèlent sa conscience de la mort imprévisible et inéluctable.
Bon, c’est vrai qu’il y a le plus souvent des idées plus gaies véhiculées par les artistes:
Delacroix ; « Le premier devoir d’un tableau, c’est d’offrir une fête pour les yeux. »
Picasso, suivant son humeur, peint les femme belles ou démantibulées.
Matisse ; « J’ai toujours souhaité que mes œuvres aient la légèreté et la gaîté du printemps. »
Avec ces deux phrases, on a repris de la joie de vivre, mais il faut bien revenir à Boltanski.
Retenez votre respiration, voici un autre travail bien dérangeant:

« Au musée de Bâle, j’ai déposé au sol six cent kilos de vêtements ; le spectateur devait marcher dessus. Ces vêtements étant usagés, c’était comme de marcher sur des corps, et, pour les spectateurs, c’était difficile, parce qu’ils s’enfonçaient vraiment dedans et qu’il y avait l’odeur des corps qui étaient là. Ce qui m’intéressait c’était que chaque spectateur devenait lui-même coupable ou disons se posait le problème de savoir s’il acceptait de marcher sur le corps ou non, s’il était coupable ou innocent. »




« Handicap sans frontières », demande à ce que chacun apporte une chaussure pour en faire une montagne.
Cela nous rappelle des photos horribles de lunettes ou de montres entassées lorsque les Juifs entraient dans les camps de la mort.
Mais, on peut entasser des objets pour des causes moins sinistres que celles-ci.
Par exemple Arman, entasse en colonne des dizaines d’horloges devant la gare Saint Lazare à Paris. Aucune n’a la même heure, ça trouble le voyageur.



Annette Messager.




Un ex-voto est une statuette, une plaque, un objet ou un cierge que l’on met dans une chapelle pour remercier.
Annette Messager et Christian Boltanski réalisent des sculptures que l’on appelle "des installations" qui rappellent les ex-voto que l’on trouve beaucoup dans les villes du Sud de l’Italie; chez les bouchers, les boulangers. Derrière leur comptoir il y a une statuette éclairée par une guirlande multicolore clignotante, ça attire l’œil.

Annette Messager accroche sur un mur blanc un nounours qu’elle éclaire. La peluche a déjà servi, elle l’affuble d’une photo autour du cou, comme un collier. La photo représente deux narines vues du dessous ; on voit bien les deux trous noirs, on ne voit que cela, on ne regarde pas souvent les gens de cette manière. Sur le mur au niveau des pieds un texte calligraphié en forme de triangle donne l’impression d’être le piédestal. Il y a beaucoup d’autres peluches à côté de celle-ci.

Les installations d’Annette Messager sont de véritables poèmes visuels où tout ce qui est assemblé change de sens, grâce au montage particulier des images, des objets, des écritures, souvent le tout est pendu.



Ses œuvres sont fragiles, elles ont la fragilité de leurs matériaux ; le tissu, la broderie, le papier photographique, les textiles synthétiques des peluches, les filets de pêche, l’écriture au stylo-bille sur le mur de la salle d’exposition.
Pour ceux qui n’ont pas d’images sous les yeux, les titres de ses œuvres révèlent bien l’esprit de son travail caustique ; "Mes ouvrages","mes chimères", mes effigies", "mes petites effigies", "mes trophées", "mes voeux","mes mensonges", "mes interdits".



Elle est à la fois l’épouse qui brode pour son trousseau, la vieille demoiselle qui fleurit les autels de l’église, elle est chiromancienne, sorcière et jeteuse de sorts. Bien sûr qu’elle se moque de la condition de la femme. Elle cumule tous les rôles que l’on a donnés aux génitrices.
Rarement, une femme a eu le rôle d’artiste au cours des siècles, c’est une revanche puisqu’elle a représenté la France à Venise cette année, cela n’était jamais arrivé.



Elle est aussi une petite fille ; en 1998, elle installe des croix de bois grossièrement clouées, qui rappellent celles que plantait Brigitte Fossey dans le film de René Clément, "Jeux Interdits". Les enfants enterrent quelques fois avec cérémonial un petit oiseau, une souris, un insecte. Sur ces croix, Annette Messager installe des peluches déguenillées et dépouillées de leur contenu.
Dans cette expo, une petite fille de 2 ans, est allée embrasser un à un les nounours éventrés…Pour apaiser leur douleur ou afin de les ressusciter, mais là, c’est l’adulte qui parle.



Nous avons des croyances bien particulières quand on est enfant ; Annette Messager croyait que toutes les œuvres reproduites dans la revue "L’oeil" qu’achetait son père, ne concernaient que l’intérieur de l’œil. Chacun d’entre nous a eu des croyances équivoques.
Pour des petits riens indispensables comme celui-ci, Annette Messager est devenue truqueuse de photos, colporteuse de rêves, messagère de fausses prémonitions, dompteuse des araignées de papier.



Picasso explique à André Malraux que "les fétiches africains servaient à ceux qui les possédaient à ne plus être tributaire des esprits, donc à être indépendants. Si nous donnons une forme aux esprits, nous devenons libres… Les esprits, l’inconscient, l’émotion, c’est la même chose".
Personne n’avait jamais fabriqué d’amulettes, de gri-gri en Occident ; Boltanski et Messager l’ont fait.
C’est un jeu autorisé et c’est à travailler avec les enfants, il n’y a pas à avoir peur des fausses peurs.