vendredi, mai 12, 2006

Andy Warhol / Une Machine

Les images des machines





Andy Warhol est un peintre qui n’aime pas peindre.





Il aurait préféré que ce soit une machine qui fasse la peinture à sa place.
Son rêve aurait été d'être une machine à peindre.
Il y est presque arrivé...
Il a réussi à peindre automatiquement comme un robot, c'est-à-dire sans faire comme les peintres qui réfléchissent pour savoir s'ils vont mettre une touche de rouge vif ici, un peu de vert émeraude par là…


Ce que n’aurait pas aimé peindre Andy Warhol :


1- Andy Warhol n’a pas essayé de déformer les visages et de les rendre bizarres comme Picasso. Au contraire, il aimait les vrais visages comme ceux des miroirs…Mais avec seulement quelques couleurs plates.

2- Andy Warhol n'était pas un peintre abstrait des lignes, des formes et des couleurs comme Kandinsky et Pollock. Lui, il aimait bien quand c’est simple et automatique.

3- Andy Warhol ne savait pas peindre comme Léonard de Vinci et ça ne le gênait pas... Enfin, un peu quand même, comme tout le monde.
Quand on regarde la Joconde, on croirait que c'est une photographie.

Mais c’est vraiment de la peinture faite avec un pinceau, de la couleur, un œil et un cerveau au bout du circuit!
Plus personne ne sait peindre comme Léonard de Vinci ; il était trop fort et il n'avait pas d'appareil photographique..., seulement un miroir comme modèle qui malheureusement ne conservait pas les images.
Cinq siècles et demi plus tard, Andy Warhol a préféré photographier la Joconde plutôt que de la peindre mal. Et, comme une machine, il l’a reproduite une dizaine de fois de toutes les couleurs, en la mettant dans tous les sens sur une grande feuille sans doute pour nous obliger à se poser la question : « La Joconde est-elle un super chef d'œuvre ? …Est-ce qu'une simple photographie de star de cinéma d’aujourd’hui ne pourrait pas être aussi un chef d’œuvre ? »
Il a essayé de peindre les stars, ça a marché, les gens ont aimé voir les stars ainsi multipliées.

Il a aimé les machines parce qu'elles répètent toujours le même geste et qu'elles font toujours la même chose.
Ça devait le faire rire de le proclamer parce que c'était un provocateur ; il aimait bien déranger les gens et les faire changer d'idées.
Il a bien réussi puisqu'il leur a vendu ses tableaux qui n'étaient pas peints par lui et qui n'étaient même pas peints avec un pinceau !
Faut le faire !
Mais il ne faut pas croire qu'il voulait sérieusement devenir une machine, il savait qu'il ne pouvait pas vraiment en devenir une, c’était trop tard pour le vouloir.
Il pouvait reproduire une star des dizaines de fois, ainsi, il la vendait des dizaines de fois ; c'est malin de sa part !
Andy Warhol est un grand homme d'affaires, il savait gagner de l'argent.
Il y a des peintres qui sont morts pauvres, Van Gogh, Gauguin, ce n’est pas le cas de Warhol, il allait au restaurant quand il le voulait.
Comment faisait-il pour fabriquer ses images à toute vitesse, en beaucoup d'exemplaires et sans pinceaux?


Il travaillait en sérigraphie.
La sérigraphie est un moyen qui permet d'aller vite, de répéter les images.
La sérigraphie permet d'être précis, mais cela n'Andy (n’en dit) pas plus à celui qui ignore ce qu'est la sérigraphie. C'est trop compliqué à expliquer sans voir un film qui montre la technique...
... Voici le film.
Au milieu d'un morceau de papier, on découpe aux ciseaux : une fleur, par exemple. On enlève le bout de carton qui ressemble à une fleur et on le fiche à la poubelle.
On garde le grand bout troué par la fleur, on appelle ce carton troué : un pochoir.
On pose le carton troué sur une feuille blanche et on badigeonne le trou de la fleur à la peinture à l’aide d’une petite éponge. Il est impossible de dépasser puisque le carton protège les bords !
Puis on déplace le carton; on peut donc avoir autant de fleurs que l'on veut, avec les couleurs que l'on veut.
Mais Andy Warhol ne mettait souvent que quatre fleurs.

Quel gain de temps avec le pochoir !
Mais le principe de la sérigraphie, ce n’est pas exactement cela ; il faut plaquer un tissu fin sur la feuille que l’on veut imprimer. Le tissu laisse passer la peinture entre ses fils tramés. Il ne laisse pas passer la peinture si on le badigeonne d’une colle. Il suffit donc de dessiner une fleur sur le tissu et de recouvrir à la colle le pourtour de la fleur.
Andy Warhol a fait ces fleurs et ces bananes de cette manière, mais il a préféré reproduire les personnages célèbres comme Mona Lisa, Mao et les femmes de son époque, Liz Taylor, Marilyn Monroe.
La sérigraphie ressemble à la technique du pochoir, mais, s’il veut de la précision Andy Warhol utilise la lumière photographique pour découper les formes compliquées des visages.

Andy Warhol est un copieur comme un photocopieur. Il répète des dizaines de fois les mêmes images comme si c'était une punition à faire pour le lendemain.


Il met des visages côte à côte pour faire un grand tableau : tous les mêmes, qui nous regardent. Tous de la même couleur ou noir ou quelquefois avec d'autres couleurs primaires.


Souvent, au tirage, il y a des bavures de peinture sur ses tableaux.
Il y a aussi des décalages, les portraits ne sont pas exactement où ils devraient être, ils ont dû glisser.
Il dépose aussi trop vite une couleur sur l'autre alors ça fait des taches sur celle du dessous (maculage). Il peut le fait exprès.
Toutes ces erreurs qu’il aime bien, font penser à ce que fait une machine qui ne réfléchit pas, qui n'a pas d'émotion, et qui ne peut pas dire ; « ceci est beau, cela n'est pas beau ». Andy Warhol pense comme elle, il ne pense rien.
Quand il juge sa peinture, il n'a pas envie de penser quoique ce soit d’agréable ou de désagréable, mais ça devait bien lui arriver !

Alors est-il vraiment un peintre ?


« Non ! » disait-il, « puisque que je ne peins pas moi-même mes tableaux. »
Alors pourquoi parle-t-on encore aujourd’hui, de ce charlatan?
Un charlatan est un menteur qui peut vendre un produit inutile à tout monde grâce à son baratin.
On parle de lui parce qu'il est arrivé à la bonne époque, en 1960.
Aujourd'hui il ne vendrait plus ce genre de peintures puisque tout le monde peut en faire.
Il y a cinquante ans, avant 1960 il était vraiment amoureux des images en papier de la publicité.
Les images de publicité commençaient à se montrer partout sur les murs aux USA.
Auparavant il y en avait peu. Dans les magasins, juste après la seconde guerre mondiale, on vendait le savon dans des boîtes grises sans couleur, sans texte et sans titre. Il y avait 24 savons par boîte.

Cela paraît assez triste aujourd'hui d'imaginer qu'il n'y avait pas toutes les couleurs sur les paquets. Aujourd’hui, c’est le contraire, cela fait presque mal aux yeux quand on regarde un rayon de produits au supermarché.
Aujourd'hui on vend de tout. Tout ce qui est vendu est bien emballé. Tout est emballé plusieurs fois avec des beaux papiers aux belles couleurs, avec des réductions, avec des petits cadeaux. C'est fait pour ensorceler les enfants et les parents..., pour qu'ils achètent toujours plus, même s'ils n'en ont pas vraiment besoin.
C'est difficile d’y échapper: on devrait pourtant faire attention à ce que l'on achète et où on l'achète.
En 1950, il y a plus de cinquante ans, la publicité arrivait au galop.
C'était impressionnant pour Andy Warhol de découvrir, qu’on pouvait mettre la soupe en boîte.
Depuis toujours, la soupe se fait dans une marmite !
S'il y avait bien quelque chose qu’on ne pouvait pas mettre en boîte en 1960, c'était bien la soupe !
La soupe en boîte Campbell, ça a dû en boucher un coin à Andy Warhol qui s'est mis à en sérigraphier des pages entières de boîtes côte à côte comme au supermarché.
Nous avons des difficultés à imaginer son époque, mais ce n'est pas facile à admettre…
Une bonne soupe de légumes épluchés, cuisinée, moulinée ou non c'est bon aussi.



Andy Warhol aimait bien dire qu’il ne lisait jamais, qu'il aimait juste regarder les images.


… Le cinéma en couleurs, la télévision, les magazines, les bandes dessinées, la pub, c'était une révolution.
Avant, c'était le règne de l'écrit. Andy Warhol regarde les images envahir le monde.
Aujourd'hui il y en a encore beaucoup plus ; on est submergé par la vague des images, mais on s'en fiche, on peut ne pas les voir, on s'y est habitué.
Lui les voyait arriver !
Andy Warhol est comme un petit garçon qui découvre qu'il peut colorier automatiquement des images en couleurs, alors il en fait beaucoup à la vitesse d'une machine.
Il est connu pour cela.
Il nous a fait comprendre qu'on allait être écrasé par les images, qu'on avait intérêt à se méfier. Lui s’amusait avec le feu.
On ne se méfie jamais assez des images.
Les images de Andy Warhol donnent l’impression qu’il est un collectionneur qui aligne toujours la même chose.
Si on affiche une reproduction d'une oeuvre d’Andy Warhol, c’est comme si on mettait un morceau de supermarché chez soi… Que des bouteilles de Coca de forme bombée. Il les reproduisait côte à côte comme sur un présentoir pour la vente… Pour nous inciter à les boire l’une après l’autre.

Warhol aurait-il aimé être une machine à imprimer ?

…Les rouleaux font avancer les feuilles blanches jusqu'à ce qu'elles passent sur les encres d'imprimerie. Puis elles ressortent imprimées.
" L'encre " d'imprimerie devrait s'appeler "peinture" parce qu'elle n'est pas liquide et qu'elle ressemble plus à la peinture à l'huile. Mais on l'appelle "encre", il faut le savoir.
Andy Warhol faisait de la sérigraphie avec des encres : était-il peintre ou imprimeur? On dit peintre.

…La feuille blanche passe sur trois couleurs, l'une après l'autre. Les trois couleurs sont : le jaune, le cyan, et le magenta.

-Le magenta n’est pas le rouge vif, c’est un rouge violacé.
-Le cyan n’est pas le bleu ciel ni le bleu marine, c’est un bleu particulier.
-Le jaune n’est pas le jaune citron mais plutôt le jaune d’or.

1- En premier, la feuille blanche passe par le jaune ; Il y a maintenant de très petits points jaunes à certains endroits sur la feuille.
2- En deuxième,elle passe sur le cyan ; il y a maintenant des petits points bleus à côté des points jaunes.
Les points jaunes et les points cyan ne se mélangent pas du tout, mais quand on regarde de loin, miracle ! ça donne du vert !
3- Puis, la feuille passe dans le magenta ; il y a maintenant des petits points rouges à certains endroits.
Il faut se souvenir que les petits points jaunes, cyan et magenta ne se touchent pas. Sur une grande affiche publicitaire, c'est quand on est loin que le mélange des points de couleurs se fait parce que nos yeux ont le défaut de tout mélanger. Une bonne loupe permet de voir les points sur un petit magazine.

Les trois couleurs de base ensemble donnent toutes les couleurs que l'on veut ; le jaune, le cyan et le magenta nous donnent l'impression de voir du brun ; ça il faut le savoir ! Quand il n'y a que du magenta et du cyan, on voit du violet.

4- Pour que l’affiche soit plus foncée, il faut faire aussi un quatrième passage avec un rouleau noir.

Notre œil et notre cerveau sont facilement trompés par tous ces points.

Ce système d'imprimerie plaisait beaucoup à Andy Warhol qui s'amusait à perturber l’ordre des quatre passages d’encre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

la dernière image est dure en opposition au ton de la rubrique.
Paul.

Anonyme a dit…

je voudrais explique a nico qu'il ne faut probablement pas dire que Warhol était somble quand il représentait la serie sur la chaise électrique mais que (je pense) il aurais voulu exprimer que dans la redondance d'image, il y a lassitude et habitude tout comme dans la publicité télévisuelle quand elle nous gave avec les spots

Anonyme a dit…

bon, deja , cet article est tres bien fait, un peu trop vulgariser, peut etre, mais qu'importe, puis ce que nous parlons d'un artiste pop-ulaire, donc vulgaire(de vulgus,latin;pres du peuple),a noté que vulgaire peut aussi vouloir dire " habituel"...
ce qu'Andy n'etais pas.
ses oeuvres ne sont ni des tableaux,ni des photographie:
ce sont des "tablographie".