vendredi, décembre 15, 2006

Pierre Alechinsky/ Pinceau.




Pierre Alechinsky a un peu changé sa façon de peindre depuis qu'il est Cobra.

Pierre Alechinsky est né en 1927, l'année où le cinéma devint parlant.
La peinture et un art muet. "Nous travaillons à écrire des histoires muettes"



Il y a tellement d'images de nos jours qui parlent trop, la télévision par exemple. Trop d’images bruyantes qui ne sont pas faites avec des pinceaux… devant ses images Alechinsky a envie de rester muet comme une carpe et de peindre. Ses peintures sont quelquefois un peu comme des bandes dessinées sans bulle, il nous laisse entendre ce que l'on veut de la musique ou du silence.



Cobra aime le jazz. Le jazz a été une passion pour tous les artistes de Cobra. Ils y ont trouvé la spontanéité qui est demandée par le mouvement.

"Le jazz, a été notre passion à tous, on n'en a eu besoin pour vivre.".
Pierre Alechinsky dit que le musicien de jazz est souvent comme le peintre Cobra ou le poète Cobra, il ne suit plus ce qu'il doit faire…, il improvise.



Alechinsky a un geste d'écrivain quand il peint : on croirait qu'il écrit avec un pinceau comme les Chinois et les Japonais. Il a un long pinceau qu'il tient à peine par l'extrémité. Il utilise de vrais pinceaux chinois, qui sont vraiment beaux.
Comme il tient à peine le pinceau, il est obligé d'effleurer le papier et de le survoler. Il n'appuie pas sur son pinceau, d'ailleurs cela abîmerait le pinceau.
Un pinceau c'est fragile, il ne faut ni l'écraser, ni le faire tremper debout dans un pot d'eau, ni le laisser sécher avec sa peinture, il faut bien le nettoyer avec du savon dans le sens des poils, puis le rincer plusieurs fois. Alechinsky ne travaille qu’avec un pinceau qui laisse une trace très délicate ou très large suivant son envie.
Alechinsky déroule son trait noir comme un long serpentin cobra.
Il aime les écritures de tous les pays, mais il préfère l'écriture des pays asiatiques.
Il aime regarder une écriture dans un miroir, quand on ne comprend plus ce qu'elle veut dire, là, elle devient étonnante est belle. C'est un gaucher que l'on a obligé à écrire de la main droite, du coup, quand il peint, il part de la droite vers la gauche pour se venger (faire les deux gestes).
Alechinsky peint souvent sur de grands papiers au sol. Il aime choisir les papiers, il en a beaucoup, il a une préférence pour les vieux papiers imprimés qui ont déjà servi, des vieilles factures, des cartes routières, des cartes de géographie.



Pierre Alechinsky débute toujours de la même manière :


• Avant de peindre, du bout des doigts, Alechinsky mime en l'air les dessins qu'il va faire (faire le geste).
• Il répète les lignes avant de les inscrire à l'encre de Chine sur le papier.
• Il finit par les tracer.
• Il remplit les surfaces avec de l'encre.
• Pour les noirs, il laisse sécher.
• Mais pour les gris, il lave la feuille au robinet avant que l'encre ne soit sèche.
• Quand il a fini, il encolle l’envers de la feuille de papier.
• Puis, il le colle (il maroufle) en plein milieu de la toile, il lui reste une grande marge tout autour comme une marge de cahier mais tout autour du dessin collé.
• Il commence à faire des petits signes très soignés avec de la peinture acrylique dans la marge qui fait le tour de son dessin collé.
• Il fait des dessins ou de l'écriture ?


Alechinsky fait virevolter son pinceau en changeant régulièrement les couleurs, mais attention ! Il ne tourne pas qu'une seule fois autour de la marge, il passe dix ou vingt fois en déposant à chaque fois des couleurs très différentes.
Voyez comment il faut tenir le pinceau pour qu'il voyage.
Lorsque Pierre Alechinsky peint une ligne au pinceau il laisse la trace d'un patineur qui se déplace.
Au début il joue à faire des lignes comme des lacets des chaussures, puis il remplit certaines surfaces quand les lignes se croisent, il peut aussi faire des séries de hachures puis, tout devient très serré mais on voit encore la couleur du fond qui n'est plus blanche, la marge colorée met en valeur le dessin qui est heureux au milieu.



"L'écriture c'est du dessin noué autrement"Jean Cocteau.

"Écrire et dessiner sont identiques en leur fond."Paul Klee.

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