jeudi, avril 15, 2010

Image Rétine & Cinéma





















Le principe du Cinéma



Préambule.

Je propose souvent à mes élèves d’inventer le cinéma collectivement en classe, c’est très rare qu’ils y parviennent.

Notons, qu’il est plus facile de retrouver un principe qui existe qu’un principe que l’on ignore. Par exemple, on a su faire voler un avion avant de connaître le principe de la dépression d’air sous les ailes en forme d’arc.

C’est le principe du cinéma qu’il faut qu’ils trouvent.

Bien sûr, tous connaissent la date, 1895 et les différents composants ; beaucoup d’images, un film souple, un objectif, une lampe puissante, un écran. Jusqu’ici ça va, mais peu d’étudiants connaissent ce qu’est la persistance rétinienne. Et lorsqu’ils peuvent expliquer ce qu’est la persistance rétinienne, ils ne font pas souvent la relation avec la possibilité d’inventer le cinéma.

Nous sommes dans un monde bercé par les images en mouvement et peu d’entre nous peuvent expliquer à d’autres ce célèbre principe du cinéma.

Je vais tenter de le faire simplement, toutefois, il faut rester concentré sur la lecture de ce qui suit. Pour vous inciter à lire mon explication, voici un argument : « je pense qu’il est possible de faire comprendre ce principe à des élèves de cycle trois si vous-même, vous êtes capable de bien réinterpréter mon explication. Vous seriez les premiers à apprendre cela à des élèves. »


Le principe du cinéma.

Personne n’a jamais pu indiquer précisément une « date de naissance » du cinéma car il s'agit plus d'une accumulation d'expérimentations et d'avancées que d'une invention. Toutefois la plupart du temps, l'invention est attribuée aux frères Lumière, concepteurs du cinématographe en 1895.

Un film est composé d’images projetées sur un écran blanc à la cadence de 24 images par seconde. C’est la succession rapide de ces images qui, par illusion, fait le cinéma.

Cette illusion est due à la persistance rétinienne.

Autrement dit, une image reste encore imprimée sur la rétine et donc dans notre cerveau alors qu’elle a déjà disparu de devant nos yeux ; c’est incroyable, mais vrai ! Quelque chose pourrait disparaître une fraction de seconde et revenir à sa place que vous ne vous en rendriez pas compte. Il faut l’admettre pour comprendre ce qu’est le cinéma.

Notre rétine est un écran qui n’enregistre pas très vite et qui n’efface pas très vite. Par exemple, si on bouge vite la main devant soi on voit ses doigts flous. Personne ne peut distinguer les rayons d’une roue de vélo qui tourne.

Nos besogneuses rétines ne peuvent enregistrer qu’une image toutes les 1/16 de seconde environ, ce n’est pas beaucoup, mais la plupart du temps ça suffit pour comprendre les choses, mais pas toujours, puisqu’il nous est impossible de voir comment coure un cheval et encore moins comment vole un colibri.





Étude en accéléré.

Au cinéma,
les photographies successives et distinctes sont très voisines. Elles sont immobilisées l’une après l’autre devant l’objectif, mais on n’a pas le temps de s’en rendre compte, ça va trop vite notre cerveau est berné.

Les images semblent se fondre les unes dans les autres, elles forment un flot continu qui nous donne l’illusion du mouvement alors que rien ne bouge !

Je répète et j’insiste, toutes les images projetées l’une après l’autre sont fixes derrière la lampe qui les projette sur le mur blanc.


Étude au ralenti.

Un judicieux engrenage entraîne la pellicule d’une bobine à l’autre.

La pellicule faite d’images passe assez vite entre la lampe et l’objectif grossissant : il faut savoir que le temps pour notre rétine se découpe en 16e de seconde.

Rappel : notre rétine “voit“ toutes les images de la nature 1/16 de seconde et elle en garde la trace exacte un autre seizième de seconde puisque notre rétine est lente à effacer.

On peut donc profiter de cette faiblesse et tromper cette rétine qui garde en mémoire les images une fraction de seconde. C’est la bonne idée des différents créateurs du cinéma.

Je reprends l’explication depuis le début.

Les crans de l’engrenage qui véhiculent le film souple installent pile poil une image devant la lampe. Elle est maintenant à sa place, elle est immobilisée 1/16 de seconde : nous la voyons sur l’écran 1/16 de seconde.

Elle persiste sur notre rétine… Donc, pendant 2/16 de secondes nous voyons l’image.

Pendant ce deuxième seizième de secondes, les crans entraînent l’image suivante qui se glisse furtivement devant la lampe, mais cela l’œil ne voit pas…

… L’oeil ne le voit pas car pendant ce glissement d’image, une mécanique astucieuse lui a bouché la vue en plaquant un cache noir devant l’objectif.

Ce cache noir la rétine ne le voit pas, vous ne l’avez jamais vu puisqu’il correspond exactement au temps de persistance de votre rétine.

Cet écran noir est très malin, il vous empêche de voir se déplacer la deuxième image jusqu’à ce qu’elle se fixe et il permet de rafraîchir la rétine.






Et ainsi de suite.

Donc, 16 belles images légèrement différentes et 16 écrans noirs semblables par secondes. 24 images c’est mieux, c’est plus fluide.











Vous n’y voyez que du feu, vous êtes trompés, vous ne savez même pas qu’il y a eu des écrans noirs, ils ont aidé à cacher le déplacement des images, mais ces noirs ont surtout servi de coussin mémoire pour les images qui persistaient ; un défaut de notre vision est donc devenu une aubaine pour notre plus grand plaisir à tous.


Récompense pour ceux qui ont suivi jusqu’ici.

C’est Léonard de Vinci himself qui parle ; « Si l'œil qui regarde l'étoile se tourne rapidement, il lui semblera que cette étoile est une ligne courbe enflammée. Et cela arrive parce que l'œil réserve, pendant un certain espace, la similitude de la chose qui brille et parce que cette impression de l'éclat de l'étoile persiste plus longtemps dans la pupille que n'a fait le temps de son mouvement. »

Le phénomène de persistance rétinienne fut donc observé à la Renaissance, mais ce fut un chimiste et physicien britannique qui le démontra en 1825.



The End.



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