mercredi, juillet 21, 2010

Multiplier les Images 1




















HISTOIRE accélérée de toutes les IMAGES.

Depuis ses lointaines origines jusqu’à ce jour.

(De la rareté de l’image à l’avalanche.)


Si vous ne voulez pas lire cet article en entier, voici résumé en quelques lignes l’idée générale qui est d’une grande évidence.

« Au cours de la Préhistoire, il n’y avait pas beaucoup d’images, seulement, les ombres, les reflets dans l’eau, ensuite il y a la peinture, la gravure, la camera obscura, la photographie, la photogravure, le cinéma, la télévision, et internet... Que des procédés qui ont accéléré le cours de l’importance des images dans l’histoire des civilisations. . . Et les nuits, toujours les rêves et les cauchemars.»

Voilà, c’est tout, maintenant vous pouvez retourner à autre chose de plus passionnant.

En l’an 2000, les images sont omniprésentes. Nous fixons un écran plusieurs heures par jour. Cinquante images entrelacées par seconde défilent sous nos yeux nous donnant l’illusion du mouvement.

Lucy voyait-elle des images ?

Il y a deux millions d’années l’homo habilis percevait-il des images ?

Qu’est-ce qu’une image ?

Platon qui est moins éloigné de nous que Lucy donne cette définition ;

« J'appelle images d'abord les ombres, ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables. »

OMBRES.

Il est certain que, l’homo sapiens et les siens, voyaient de drôles de formes les suivre constamment par beau temps : leurs ombres !

Leurs propres ombres dont ils se méfiaient et qu’ils considéraient.

Dans un grand nombre de langues indiennes d’Amérique du Sud, le même mot signifie « l’âme, l’image et l’ombre, » c’est dire que cette sombre découpe d’eux-mêmes projetée sur le sol ou sur un rocher, devait intriguer.

Aujourd’hui, nous ne sommes plus surpris par notre silhouette. Néanmoins, j’ai le souvenir d’avoir voulu piétiner l’ombre d’un copain pour l’embêter; un jeu d’enfant.

« J’allumais la puissante lampe de notre grange et le large rayon de lumière qui surgissait par la porte était notre route sur laquelle se plaquaient nos grandes images cinq à six fois plus grandes que ce que nous étions en réalité ; c’était magique. »

Dans beaucoup de civilisations, il était interdit de marcher sur l’ombre de quelqu’un.

REFLETS.

Femmo sapiens a sans doute été surprise par son reflet dans l’eau lorsque qu’elle buvait dans un plan d’eau plat et calme par temps couvert ; le temps couvert permet presque le même effet sur l’eau que le tain du miroir.

Plus tard Narcisse s’est amouraché de sa propre image, il en est mort, il a fini en fleur…

Ombres et reflets, voici énoncé brièvement les deux uniques types d’images auxquelles étaient confrontées nos ancêtres d’avant la peinture pariétale (-50 000). C’était très important pour eux, c’était magique, facétieux, incompréhensible.

Beaucoup n’adhéreront pas, mais je pense qu’il faut ajouter aux ombres et aux reflets, les rêves, les cauchemars et les hallucinations. (Pour plus de précision voyez la note 01. Les notes ne sont pas à lire maintenant.)

Et si vous adhérez à ma proposition des images des rêves, vous conviendrez que ça fait beaucoup plus d’images rien que pour la préhistoire.

Puis, arriva Lascaux, Niaux, Cosquer, Altamira, Chauvet… Le cinémascope de nos ancêtres. (Pour plus de précision voyez la note 02.)

Plus tard, les scientifiques de l’Antiquité ont écrit sur presque tous les phénomènes des illusions de l’image, des reflets et de la lumière.

Les scientifiques constataient souvent, mais ils n’expliquaient pas ; il y a encore quelques siècles, ils ne savaient pas très bien si c’était notre œil qui envoyait « quelque chose » vers les objets ou si c’était les objets qui nous envoyaient des infos. Mais lorsque l’on ne sait pas ce que sont les ondes électromagnétiques de la lumière, on ne fait pas le physicien malin !

Les scientifiques arabes consignèrent le phénomène de l’image inversée.

Dans la camera obscura par le petit trou appelé sténopé, on peut voir à l’opposé une image inversée de la réalité extérieure à la boîte. (Pour plus voyez la note 03.)

Au lycée, vous avez peut-être fait un trou dans une boîte à chaussures et installé un calque de l’autre côté pour voir une petite image inversée. C’est impossible de conserver l’image avec le calque ! Pourtant les scientifiques et les peintres surtout, utilisèrent cet appareil pendant trois siècles pour dessiner.

Avec ou sans papier photographique, regardez une petite image en couleur à l’envers sur un morceau de calque, c’est magique !

Sans le papier photographique, on est au Xe siècle, avec les scientifiques Arabes.

Avec le papier photographique argentique, c’est la photographie, on est au milieu de XIXe siècle. (Pour + voyez la note 03.)

Dit en passant, notre oeil est une camera obscura sphérique. Ce système optique régit la partie physique de notre vision. La partie physiologique est beaucoup plus compliquée. (Pour + voyez la note 04.)

IMAGE de SAINT.

Au Moyen-âge, pour voir une image autre que celle de son ombre ou que celle de son reflet, je veux parler de l’image peinte, il fallait voyager. L’image peinte est dans un lieu unique. L’image peinte peut être recopiée, mais c’est long et ça peut être raté. À la Renaissance, les frustres peintures se trouvaient dans les petites églises de campagne et les images peintes de qualité supérieure dans les églises italiennes et les palais.

L’image peinte est encore très rare au XVe siècle. Il faut beaucoup marcher pour en voir.

Prenons un malade du XVe qui doit implorer Saint Antoine pour ses plaies purulentes dues à « l’ergot de seigle ». Il devra se déplacer jusqu’à Colmar pour trouver le Saint Antoine guérisseur peint ; c’est ce qu’il a de mieux à faire à cette époque !

Au XVIIIe à la campagne, ce même bonhomme malade aurait acheté sur la place du village une image d’Épinal de Saint Antoine, Saint Roch et de Saint Blaise pour 6 sous les trois.

Saint Roch contre la peste, les maux de genou. Saint Blaise contre la toux, la coqueluche, le goitre et les maux de gorge.

En 1920, un malade de cinéma se déplaçait pour voir un Charlot muet sur l’écran de la petite ville voisine. Jusqu’au XXe siècle, la quantité et la qualité des images vues par un humanoïde est fonction de la distance.

Progressivement, les salles de cinéma se rapprochèrent des hommes, puis la télé est entrée dans la maison et même dans le lit. La minuscule image cathodique a été privilégiée au panorama cinématographique, on a préféré réduire la distance qui nous sépare des images. Et enfin, avec les images de l’Internet, les distances sont balayées, il n’y a plus de distance.

Par conséquent, aujourd’hui, la peinture est une curiosité archéologique qui a tout de même une belle place dans notre société cultivée. Les grandes rétrospectives ont du succès, les pauvres n’y vont pas, les bac + 3 s’y rendent un peu plus. Mais ces rares images/peinture n’ont plus beaucoup d’importance si l’on considère l’ensemble de toutes les images de notre époque.

RESUME.

Depuis les origines jusqu’à environ 50000 ans av J.C, il n’y a d’images visibles pour l’homme que les reflets, les ombres, les rêves, les cauchemars et les hallucinations.

Vers 50000 ans avant J.C, il y a quelques peintures à voir épisodiquement et rituellement.

Puis, à la Renaissance les peintres peignent beaucoup d’images religieuses et mythologiques. En même temps que, doucement, arrivent les sténopés qui présentent une image surprenante.

Au milieu du seizième siècle Battista della Porta a fait un énorme "appareil photo". Ses visiteurs étaient assis à l’intérieur. Un groupe d'acteurs étaient à l'extérieur. Les hôtes pouvaient observer les images sur le mur opposé au trou. Les petites images à l'envers de la scène étaient trop pour les visiteurs, ils ont paniqué et pris la fuite, et Battista a ensuite été portée devant les tribunaux et accusé de sorcellerie!

Malgré cet incident, comment les images vont-elles arriver progressivement en surabondance, devant nos yeux ébaubis ?

LA LIGNE ASYMPTOTIQUE.

Comment est-on arrivé à la profusion d’images que nous connaissons aujourd’hui?

Si on matérialise la ligne de fréquence des images sur un diagramme de l’échelle du temps, on voit qu’elle est calme jusqu’aux environs de 50 000 ans avant J.C. Elle est encore bien calme jusqu'à 3000 ans avant J.C.

Vers 500 avant JC, elle se hâte un peu, mais il y a encore peu d’images.

Ce sera environ au XVe et, bien avant en Chine, que la technique de la gravure va permettre de multiplier certaines images.

Au XIXe les images s’intensifient avec l’édition grâce à la lithographie.

Cette ligne monte progressivement, mais depuis le début du vingtième siècle, elle s’est mise à grimper presque verticalement avec le cinéma, (Pour + voyez la note 09.) la télévision et l’informatique.

La ligne est devenue asymptotique; les images nous submergent.

« - L’histoire des images s’achève ici…

Mais je pense que l'article suivant et les notes de "Multiplier les images 2." sont utiles pour comprendre les différents principes de la gravure qui ont progressivement permis la diffusion des images à partir du XVè siècle. »








2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je croie que vous avez oublié le mythe de la caverne.

Sandrine L. a dit…

Rétrospective très plaisante de l'histoire de l'image.
J'aime l'expression "curiosité archéologique" en parlant de la peinture!