En raccourci, on l’appelle OBEY, parce que c’est ce mot sous une tête qui l’a fait connaître. On pourrait aussi bien l’appeler HOPE en pensant à l’élection d’Obama. Il y a deux grandes étapes dans la vie de Franck Shepard Fairy.
Il a 45 ans en 2015, marié, deux enfants.
OBEY
Il est hyper connu pour ses autocollants et ses affiches placardées dans le monde entier : une tête en noir et blanc qui vous regarde de face. Le mot OBEY en lettres capitales est inscrit dessous. Ce gros plan de visage cadré sur les yeux, le nez, la bouche est fait d’un trait noir large ondulant, comme un trait d’ombre, une découpe assez facile à tailler au pochoir ou à reproduire en sérigraphie.
Ce n’est pas seulement lui qui a pu placarder toutes ces mêmes images dans le monde dans les années 1995. Des gens de partout ont relayé son action, des collaborateurs qui aiment son jeu de chat et souris. Ils ont dû voir le film « Invasions of Los Angeles" de John Carpenter. C’est ce film qui a inspiré cette campagne d’anti propagande. Le film fait peur.
"Obey" veut dire "obéis !" en français, ça interpelle et il le fait pour cela.
Cette tête en noir et blanc est la reprise de la tête d’un catcheur géant qui a fait des combats aux USA, c’est un homme hors norme de 2,25 m il a impressionné tout le monde, c’est André le Géant.
A cette époque Shepard est franchement anti Bush, anti guerre en Irak et ailleurs. Obey Fairey est contre la violence et les inégalités sociales, c’est un gars généreux qui déteste les injustices.
HOPE
Vingt ans après, en 2008 il mène une campagne d’affichage semblable au service de l’élection de Barak Obama, bien sûr il change d’image et de mot pour Obama, c’est HOPE. Un mot court sous l’image, un rectangle de un mètre de haut environ. Toutes ses images font à peu près cette taille, il y en a des centaines, toutes très différentes les unes des autres, toutes très complexes mais, finalement elles se ressemblent toutes. On reconnaît instantanément une image de Franck Shepard Fairy.
Obama le félicite il lui dit : "c’est une fierté d’avoir eu votre soutien."
Son image a aussi été suivie d’autres mots : VOTE, CHANGE. Fairey aime dire qu’il avait commencé par écrire PROGRESS et que ce sont les collaborateurs du futur président qui lui ont demandé d’écrire HOPE.
Si cet artiste a obéi c’est qu’il avait vraiment envie que ce soit Obama, ras-le bol de l’ancien président Bush.
STREET ART
Il est aussi fresquiste, il agrandit certaines images sur les murs des immeubles, des reproductions de 40 mètres de haut ! Il faut les réaliser dans des nacelles. Par exemple, il reprend une partie d’une célèbre photographie de Martha Cooper.
Il fait agrandir cinq enfants de face qui tiennent des fusils en bois de face comme s’ils formaient un peloton d’exécution. L’agrandissement donne l’impression qu’ils ont de vrais fusils, heureusement quand on regarde bien, on voit une rose rouge au bout d’un canon. Cet artiste du Street Art aime les roses, il dessine une rose rouge qui saigne par ses épines. La photographe est présente lors de la réalisation de cette grande peinture murale. Je ne sais pas si c’est de la propagande, en tous cas cette fresque ne laisse pas insensible le spectateur comme les peintures de Ribera qu’il admire.
Il fait agrandir cinq enfants de face qui tiennent des fusils en bois de face comme s’ils formaient un peloton d’exécution. L’agrandissement donne l’impression qu’ils ont de vrais fusils, heureusement quand on regarde bien, on voit une rose rouge au bout d’un canon. Cet artiste du Street Art aime les roses, il dessine une rose rouge qui saigne par ses épines. La photographe est présente lors de la réalisation de cette grande peinture murale. Je ne sais pas si c’est de la propagande, en tous cas cette fresque ne laisse pas insensible le spectateur comme les peintures de Ribera qu’il admire.
Il admire aussi beaucoup Andy Wharhol, ça se voit tout de suite et pas seulement pour l’utilisation de la sérigraphie et la simplicité des couleurs en aplat.
La personne qu’il admire le plus est sans doute Marshall Mac Luhan qui disait dans les années 60 que "le message, c’est le médium", pas facile à comprendre cette idée mais, elle est bonne …
GRAFFITIS
Quand il fait réaliser ces grandes peintures, il y en a beaucoup dans le monde, dont une à Paris, il a bien sûr l’autorisation de la ville.
Pourtant il lui est arrivé souvent de se faire arrêter pour graffiti sur les murs, il en fait quand il était plus jeune mais, la plupart du temps ce sont d’autres personnes qui reproduisent ses dessins. Ça ne le dérange pas qu’on lui prenne ses idées. Ce fut le cas pour une image de la campagne de Sarkozy et aussi une image surprenante aux USA. Quelqu’un reprend la même image d’Obama que pour la campagne à un détail près, il porte des écouteurs. Ce n’est pas Shepard Fairy qui a réalisé les écouteurs, c’est un petit malin qui réagit contre la surveillance des écoutes électroniques. Ce détournement plaît bien à Obey.
Lui-même a détourné l’image d’Obama pour la campagne. On sait qu’elle appartient au photographe Mannie Garcia. Il est fier qu’elle soit reprise de cette manière. Pourtant les avocats des deux artistes se sont disputés. Fairy a tenu à ce que la photo d’Obama entre sous la loi "usage raisonnable d’une image ne vous appartenant pas". L’histoire des droits sur les images est compliquée.
ILLUSTRATEUR
Il dit qu’il fait de la "guérilla marketing"… Il y a guerre et marchand. Je ne sais pas bien ce qu’il sous-entend, sans doute qu’il faut lutter, faire des supers dessins pour attirer les clients. Peut-être pense-t-il tout simplement que les choses à vendre doivent être belles ?
Il décore des planches de skateboard. Il réalise des pochettes de disque, de CD : il adore la musique punk parce qu’elle dit quelque chose de fort.
Des tee-shirts, des autocollants ou stickers, je sais, je parle trop en anglais mais il est américain. Il a fait quelques jackets de jeux vidéo et notamment celle de Super Mario 2.
Franck est DJ de temps en temps pour le club Diabetic, car il est diabétique, j’espère que ça ne l’ennuie pas trop.
Un dernier mot d’anglais : Shepard Fairy est "borderline", il est toujours sur le fil du rasoir, prêt à se faire reprendre par la loi, il joue avec les limites à ne pas franchir.
Ici à la Lune en Parachute à Epinal en octobre 2015.
Gilbert Villemin à Hérival le 23/10/2015. librement adapté…
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